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Assis en tailleur sur Mitchell Street, artère commerçante des quartiers sud de Milwaukee, Julio Cesar Gumeta s’applique. Délicatement, le trentenaire peint un papillon rouge au centre d’un grand carré de drap blanc étalé à même l’asphalte. Le symbole ne doit rien au hasard : le lépidoptère en question est un monarque, emblème de liberté, de résilience et surtout de migration, lui qui fuit chaque année la rigueur des hivers nord-américains pour le Mexique, et inversement, au cours d’une longue et périlleuse odyssée. Sur le drap baigné de soleil, en ce samedi 19 octobre aux températures estivales, quatre mots ont également été peints en majuscules : «El voto latino decidirá.» «Le vote latino décidera», sous-entendu du résultat de l’élection américaine du 5 novembre.
Julio Cesar est bien latino – Mexicain précisément – mais lui ne décidera de rien. Arrivé à 7 ans aux Etats-Unis avec ses parents et sa sœur aînée, après avoir traversé à pied le mortifère désert de Sonora, il demeure, vingt-quatre ans plus tard, dans les limbes administratifs américains. Ni réfugié, ni