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Dos à dos

Elections américaines 2024 : le syndicat des chauffeurs routiers ne soutient finalement aucun candidat

Pour la première fois depuis 1996, l’International Brotherhood of Teamsters, trop divisé, ne prend pas parti pour l’un ou l’autre des candidats à la présidentielle de novembre.
L'actuel président de l'International Brotherhood of Teamsters, Sean O'Brien, prend la parole lors d'une réunion mensuelle de la section locale 25, le 21 novembre 2021, à Charlestown, dans le Massachusetts. (MediaNews Group/Boston Herald vi/Getty Images)
publié le 19 septembre 2024 à 17h12

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Une première en trente ans : le puissant syndicat des Teamsters, fort de ses 1,3 million de chauffeurs routiers et allié traditionnel du parti démocrate, a annoncé mercredi qu’il ne soutiendrait ni Kamala Harris ni Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de novembre. «Aucun des deux principaux candidats n’a été en mesure de prendre des engagements sérieux envers notre syndicat afin de garantir que les intérêts des travailleurs passent toujours avant ceux des grandes entreprises», a regretté le président Sean O’Brien, dans un communiqué publié par le conseil d’administration de l’International Brotherhood of Teamsters, trop divisé pour prendre une décision.

«Prime time»

Ces derniers mois, Donald Trump a tout fait pour courtiser O’Brien, en l’invitant dans son club privé de Mar-a-Lago, sa résidence en Floride, puis en lui accordant un temps de parole en prime time lors de la convention républicaine, en juillet. Aujourd’hui, le patron des Teamsters renvoie dos à dos les deux camps, alors que leurs positions sur la question syndicale sont aux antipodes. Même s’il a toujours cherché à séduire les cols-bleus du pays, Trump a publiquement applaudi la décision d’Elon Musk de licencier des employés qui menaçaient de faire grève, ou refusé de s’engager à bloquer une législation clairement antisyndicale. Harris, elle, s’est rendue sur des piquets de grève, et a soutenu le PRO Act, une législation ouvertement favorable à la syndicalisation. Elle bénéficie d’ailleurs du soutien de toutes les autres grosses organisations syndicales du pays.

Pour souligner sa nouvelle tendance politique, la direction des Teamsters a publié le résultat d’un sondage réalisé en ligne auprès de ses membres, qui montre Donald Trump remportant 60 % des suffrages des syndiqués, contre seulement 34 % pour Harris. Chiffres que la campagne de Trump s’est empressée de relayer dans un communiqué, affirmant que «la grande majorité des travailleurs et travailleuses de base de cette importante organisation veulent que le président Donald Trump revienne à la Maison-Blanche».

Pensions

Mais cette position ne fait pas consensus. Loin de là : le National Black Caucus – les adhérents noirs du syndicat –, plus d’une demi-douzaine de sections locales, notamment dans les Etats pivots du Nevada, du Michigan et du Wisconsin, ainsi que des membres de la direction nationale des Teamsters, ont publiquement soutenu Kamala Harris. Sa campagne n’a pas, elle non plus, manqué de souligner ces «centaines de milliers de Teamsters dans des Etats clés» qui soutiennent la candidate démocrate.

Celle-ci peut se prévaloir de certains faits d’armes législatifs en leur faveur. En 2021, l’administration Biden-Harris a promulgué une loi qui a sauvé les pensions sous-capitalisées de millions de retraités syndiqués, y compris de nombreux membres des Teamsters. La loi en question s’appelle Butch Lewis, du nom d’un camionneur de l’Ohio et dirigeant syndical des Teamsters, mort en 2015, qui avait passé les dernières années de sa vie à se battre pour empêcher des coupes massives dans les retraites des chauffeurs routiers américains.