Arizona, Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie, Wisconsin : c’est là que se joue l’élection présidentielle américaine de ce mardi 5 novembre. Ce sont les swing states, les Etats-pivots, qui peuvent basculer d’un côté ou de l’autre à l’issue du scrutin et déterminer ainsi l’identité du vainqueur. Contrairement à d’autres, comme la Californie résolument démocrate ou l’Utah fermement républicain, ils changent régulièrement de main lors des élections présidentielles, et les sondages y sont extrêmement serrés. Pas étonnant, donc, que Kamala Harris et Donald Trump y aient concentré l’essentiel de leurs efforts de campagne.
Les bureaux de vote dans les swing states ont fermé à partir de 1 heure du matin heure française mercredi. Les Etats communiquent des résultats partiels peu après la clôture du scrutin, mais ceux-là ne permettent de déterminer le vainqueur que lorsque l’écart entre les deux candidats est suffisamment important, et non rattrapable. Trump a déjà remporté la Caroline du Nord, la Géorgie, la Pennsylvanie et le Wisconsin.
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Caroline du Nord (16 grands électeurs, remportée par Donald Trump). C’est le premier swing state à être gagné. Donald Trump avait décroché cet Etat en 2016 et en 2020, il récidive en 2024. Associated Press l’a annoncé à 5h20 mercredi matin, alors que 89 % des bulletins étaient dépouillés. Le candidat républicain affichait un score de 51 % contre 48 % pour Kamala Harris. La Caroline du Nord est un Etat traditionnellement difficile pour les démocrates, qui n’y ont triomphé qu’une seule fois depuis 1980 (avec Barack Obama en 2008). D’autant que les républicains sont favorisés par la carte électorale, que le Grand Old Party a soigneusement redécoupée à son profit depuis des décennies.
Géorgie (16 grands électeurs, remportée par Donald Trump). Juste avant 7 heures, et alors que plus de 95 % des bulletins étaient dépouillés, Associated Press a annoncé la victoire de Donald Trump dans cet Etat remporté de justesse par Joe Biden en 2020. A ce stade, l’homme d’affaires comptabilisait 50,9 % des suffrages, contre 48,4 % pour Kamala Harris. En 2020, il avait fallu un mois et pas moins de trois recomptages pour que l’Etat tombe finalement dans l’escarcelle de Joe Biden. Une victoire contestée par Donald Trump, poursuivi pour avoir tenté de renverser le résultat de manière frauduleuse, mais remarquable dans un territoire qui n’avait pas soutenu de démocrate à la présidence depuis trente ans. La bascule des démocrates était alors due à l’évolution démographique de la Géorgie, et notamment de sa capitale, Atlanta, et à la part croissante de la communauté afro-américaine. Des voix qui ont semble-t-il manqué, cette fois, à Kamala Harris.
Pennsylvanie (19 grands électeurs, remportée par Donald Trump). De tous les swing states, il est celui qui rapporte à son vainqueur le plus de grands électeurs. Donald Trump y a été déclaré vainqueur juste avant 8h30, avec 95 % des bulletins dépouillés, qui lui donnaient une avance de 200 000 voix (51 % des suffrages, contre 48 pour Kamala Harris). C’était l’Etat le plus courtisé de l’élection, celui dans lequel Kamala Harris et Donald Trump s’étaient rendus à de multiples reprises au cours de la campagne et où ils avaient tenu leur unique débat, à Philadelphie, en septembre. La Pennsylvanie avait été remportée par Joe Biden en 2020, mais par Donald Trump en 2016, et par les démocrates lors des élections précédentes. En 2020, le processus avait pris plusieurs jours avant qu’un résultat définitif se dessine et fasse basculer l’élection.
Michigan (15 grands électeurs, fermeture de la plupart des bureaux de vote à 2 heures). Cet Etat industriel du Midwest était autrefois l’une des composantes du Blue Wall, ces 18 Etats qui ont systématiquement voté démocrate aux élections présidentielles entre 1992 et 2012… avant que Donald Trump ne s’y impose de justesse face à Hillary Clinton en 2016, en puisant dans la colère du monde ouvrier de la Rust Belt. En 2020, Joe Biden était parvenu à ramener le Michigan dans le giron démocrate. Mais Kamala Harris est menacée dans cet Etat, qui compte la plus grande proportion d’Arabes américains du pays, par les protestations d’une partie de la population contre le soutien apporté à Israël par l’administration de Joe Biden.
En 2024, le Michigan a quelque peu réformé son système électoral – plutôt lent – ce qui devait accélérer l’annonce des résultats grâce au décompte plus rapide des votes anticipés et des votes par voie postale. A 16 heures, mercredi, 95 % des suffrages ont été comptabilisés. A ce stade, Kamala Harris (48,2 %) accuse un peu plus de 100 000 voix de retard sur Donald Trump (49,9 %).
Wisconsin (10 grands électeurs, remporté par Donald Trump). En 2016, Donald Trump avait été le premier républicain à conquérir cet Etat du Blue Wall en trente-deux ans. Il avait notamment obtenu le soutien des électeurs blancs des comtés ruraux. Quatre ans plus tard, le Wisconsin était revenu dans le rang démocrate, porté par le vote des banlieues et des femmes. Symbole de l’importance de l’Etat dans la campagne : c’est dans la plus grande ville du Wisconsin, à Milwaukee, que s’est tenue en avril la convention du Parti républicain. Le milliardaire y cette fois été déclaré vainqueur peu après 11h30 par AP, avec seulement 30 000 voix d’avance. En 2020, il avait fallu attendre une journée supplémentaire pour que les résultats, en faveur de Biden, deviennent irréversibles.
Timeline
Arizona (11 grands électeurs, fermeture des bureaux de vote à 3 heures). Longtemps, cet Etat de la Sun Belt a été considéré comme un bastion républicain. Mais Joe Biden y a remporté en 2020 une victoire inédite pour un démocrate depuis 1948 – exception faite de Bill Clinton en 1996. Le passage au statut de swing state découle de la transformation démographique de cet Etat frontalier du Mexique, dont la population a été multipliée par sept en soixante ans. Par ailleurs, comme dans neuf autres Etats, l’Arizona vote aussi ce mardi sur une proposition référendaire visant à protéger le droit à l’avortement.
A 16 heures, mercredi, et avec 63 % des bulletins dépouillés, Donald Trump mène la course : 51,9 % des voix contre 47,2 % pour Kamala Harris. Les résultats peuvent se faire attendre longtemps. Le vote postal, qui a les faveurs des électeurs de l’Arizona, est relativement long à dépouiller. Cette année, une réforme oblige les assesseurs à compter et déclarer le nombre total de bulletins déposés le jour de l’élection avant de compter les votes de chaque candidat, ce qui devrait ralentir le processus.
Nevada (6 grands électeurs, fermeture des bureaux de vote à 4 heures). Cet Etat du Sud-Ouest a voté démocrate lors des quatre dernières présidentielles, mais les sondages indiquent une possible bascule en faveur du Parti républicain. Le scrutin s’y jouera avant tout sur le front de l’économie : la reprise post-Covid y a été plus lente qu’ailleurs, et l’Etat enregistre un des taux de chômage les plus élevés du pays. Le vote latino, qui représente aujourd’hui 20 % de l’électorat du Nevada, sera également déterminant.
A 16 heures, 86 % des bulletins ont été dépouillés, et Donald Trump a de l’avance : 51,5 % des suffrages contre 46,8 % pour Kamala Harris. Lors des précédentes élections, ces dernières années, la moitié des électeurs du Nevada votaient par courrier postal, ce qui allonge généralement les délais de dépouillement. Il avait fallu quatre jours pour attribuer la victoire à Joe Biden en 2020.