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Le débat présidentiel pour l’élection du 5 novembre n’était pas encore terminé, mardi 10 septembre à Philadelphie (Pennsylvanie), que l’équipe de campagne de Donald Trump publiait déjà un communiqué triomphant pour revendiquer la «victoire» et célébrer la «performance magistrale» de son champion. Sur la défensive, tour à tour hagard et colérique, bousculé sans relâche par une Kamala Harris qui le renvoyait sans cesse à ses errements, à ses mensonges et à ses affaires judiciaires, le candidat républicain avait pourtant passé un sale moment. Pour les médias américains, pas de doute : le rendez-vous a tourné à l’avantage de la vice-présidente des Etats-Unis, qui se savait attendue, elle qui n’avait jamais participé à pareille confrontation. 63 % des spectateurs ont considéré qu’elle avait réalisé une meilleure performance, selon un sondage réalisé par CNN à l’issue du débat.
«Une affaire truquée»
Donald Trump, lui, campe sur ses positions : il a gagné, et s’il n’a pas totalement gagné, c’est parce que les conditions lui étaient défavorables. «Je pense que c’était le meilleur débat de ma vie, d’autant plus que c’était à trois contre un», assure-t-il sur son réseau Truth Social. Une façon de mettre en cause Linsey Davis et David Muir, les deux journalistes stars de la chaîne ABC chargés d’animer le duel. Donald Trump leur reproche d’avoir pris parti pour son adversaire, moins contredite sur le fond que lui.
De fait, les journalistes ont repris le milliardaire sur plusieurs de ses erreurs factuelles – comme lorsqu’il a expliqué que des migrants haïtiens mangeaient les animaux de compagnie des habitants de Springfield, petite ville de l’Ohio, ou que les démocrates soutenaient «l’avortement après la naissance». «C’était une affaire truquée, comme je l’avais anticipé, quand on regarde la manière dont ils contestaient tout avec moi et pas avec elle», a insisté l’intéressé, mercredi. Et de menacer : «Il faudrait leur retirer leur licence pour la façon dont ils ont agi.»
Donald Trump réticent à l’idée d’un deuxième débat
Pour le moment, les sondages ne permettent pas de dire si le débat a significativement modifié le rapport de force, à deux mois d’un scrutin annoncé comme extrêmement serré. Il ne faut a priori pas s’attendre à des bouleversements majeurs, selon les experts, car la base des deux candidats est déjà consolidée, mais la performance de Kamala Harris pourrait lui attirer la préférence des électeurs indécis ou des républicains déçus par Donald Trump, qui pourraient faire basculer le vote dans les «swing states», qui détermineront l’identité du vainqueur.
Reste désormais à savoir si les deux adversaires, qui se sont retrouvés dès ce mercredi à New York pour les commémorations des attentats du 11 septembre 2001, s’affronteront d’ici au 5 novembre dans un autre débat télévisé. L’équipe de campagne de Kamala Harris en a fait la proposition dès mardi soir, évoquant un rendez-vous au mois d’octobre. Mais Donald Trump semble moins enthousiaste. Après avoir assuré qu’il «réfléchirait» à l’invitation de son adversaire, l’ancien président a admis qu’il était désormais «moins enclin» à débattre. «Ils ont perdu très sévèrement et la première chose qu’ils ont faite est de demander un débat. Ils espèrent toujours une revanche», a-t-il déclaré.