«En raison du danger que représente Donald Trump, non seulement je ne voterai pas pour lui, mais je voterai pour Kamala Harris.» Face à des étudiants de l’université Duke, en Caroline du Nord, ce mercredi 4 septembre, l’ancienne numéro 3 du Parti républicain Liz Cheney lâche enfin la déclaration sur laquelle les observateurs de la politique américaine spéculent depuis plusieurs semaines : lors de l’élection présidentielle du 5 novembre, elle soutiendra la candidate démocrate. «En tant que conservatrice, en tant que personne qui croit en la Constitution et qui s’en soucie, j’ai profondément réfléchi à cela», explique-t-elle. Pour Kamala Harris, Liz Cheney est une prise de guerre majeure : la juriste de 58 ans, ancienne élue du Wyoming et présidente pendant un temps du groupe du Parti républicain à la Chambre des représentants, est une des personnalités les plus célèbres du Grand Old Party.
Elle est aussi une figure de l’opposition interne à Donald Trump, avec lequel elle a rompu définitivement en 2021, après la tentative d’assaut du Capitole par des partisans du milliardaire. «Il n’y a jamais eu plus grande trahison par un président des Etats-Unis de ses fonctions et de son serment envers la Constitution», déclarait-elle alors au sujet de l’attitude du chef d’Etat, qui refusait de reconnaître sa défaite électorale face à Joe Biden. En février 2021, elle avait voté comme neuf autres républicains en faveur de la destitution de Donald Trump, puis elle était devenue vice-présidente de la commission d’enquête parlementaire sur les événements du Capitole. De quoi faire d’elle une paria dans son propre camp, évincée de la présidence du groupe du parti à la Chambre des représentants, puis privée de son mandat dans le Wyoming par sa défaite dans une primaire républicaine.
«Une patriote qui place notre Constitution au premier plan»
Depuis des mois, la native du Wisconsin invite les électeurs à «sauver» la démocratie en garantissant que «Donald Trump ne s’approchera plus jamais du Bureau ovale». Mais jamais cette conservatrice opposée à l’avortement ne s’était encore aventurée à soutenir publiquement le Parti démocrate à l’élection présidentielle. Elle qui, il y a cinq ans encore, le décrivait comme «le parti de l’antisémitisme, […] de l’infanticide, […] du socialisme». Dans l’équipe de campagne de Kamala Harris, on se félicite donc de la nouvelle, annoncée dans un Etat, la Caroline du Nord, dans lequel les deux candidats sont donnés au coude-à-coude par les sondages. «Liz Cheney est une patriote qui aime ce pays et qui place notre démocratie et notre Constitution au premier plan», s’est réjouie par communiqué une porte-parole de la vice-présidente des Etats-Unis.
Reportage
Si le Grand Old Party reste globalement soudé derrière son chef de file, plusieurs autres républicains ont annoncé leur soutien à Kamala Harris. Ainsi du gouverneur de la Géorgie, Geoff Duncan, ou de l’ancienne porte-parole de la Maison Blanche Stephanie Grisham, qui étaient même présents à la convention démocrate à Chicago, fin août. La semaine dernière, plusieurs de 200 anciens collaborateurs de présidents ou de candidats à la présidentielle républicains ont fait de même, assurant qu’un nouveau mandat de Donald Trump allait «nuire aux citoyens ordinaires et affaiblir nos institutions sacrées». Preuve que Kamala Harris est capable d’élargir sa base électorale et de puiser dans les rangs républicains – de bon augure, à l’aube d’un scrutin qui s’annonce extrêmement serré.