Dans un jugement retentissant, le 19 décembre 2023, la cour suprême de l’Etat du Colorado avait prononcé l’inéligibilité de Donald Trump à la présidence, du fait de sa participation à une «insurrection». Mais ce lundi 4 mars, la Cour suprême américaine a unanimement annulé cette décision de l’Etat du nord-ouest américain pour ses actes lors de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Sans qualifier les actes du président républicain sortant, les neuf juges ont considéré que seul le Congrès est habilité à retirer un candidat du bulletin pour l’élection présidentielle. Sans attendre, Donald Trump a salué «une grande victoire pour l’Amérique».
Cette décision avait été prise en raison d’une interprétation controversée du 14e amendement de la Constitution américaine. Ratifié en 1868, sur les cendres de la guerre de Sécession, celui-ci entendait alors barrer l’accès des fonctions officielles fédérales aux ex-mutins confédérés en disqualifiant toute personne «qui après avoir prêté serment […] de défendre la Constitution des Etats-Unis, aura pris part à une insurrection ou à une rébellion contre eux, ou donné aide ou secours à leurs ennemis».
Donald Trump en avance dans les sondages
Le porte-parole de Donald Trump avait alors dénoncé une «décision profondément antidémocratique», annonçant aussitôt un recours devant la Cour suprême des Etats-Unis, tandis que l’organisation Make America Great Again fustigeait «moins une attaque politique contre le président Trump [que] contre le parti républicain et l’étoffe même de l’Amérique». Car même si le Colorado présente un électorat nettement acquis aux démocrates depuis l’élection de Barack Obama en 2008, la décision présentait au moins deux périls pour Donald Trump : d’être désigné et reconnu comme «insurrectionniste» par des magistrats et surtout de voir une telle décision faire tache d’huile et être déclinée dans d’autres Etats, voire étendue à tous.
Cette décision intervient à la veille du «Super Tuesday» lors duquel 15 Etats, dont le Colorado, organisent simultanément leurs primaires pour la présidentielle de novembre. Ce week-end, une étude publiée par le New York Times illustrait l’avance prise par Donald Trump dans les sondages, lui attribuant 48 % des intentions contre 43 % à Joe Biden. Une partie des électeurs démocrates reprochent notamment à l’actuel président son âge et son soutien à Israël. Cette nouvelle décision de la Cour suprême vient donc nourrir la dynamique de son adversaire.