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Libération
Interview

Elik Elhanan, ex-soldat de Tsahal et militant pour la paix : «J’ai très peur que ce soit un point de non-retour»

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Après avoir refusé de réenfiler l’uniforme, il a fondé, en 2005, l’organisation Combatants for Peace, qui rassemble refuzniks israéliens et ex-combattants palestiniens pour mettre fin au cycle de violences. Il déplore le manichéisme et le dogmatisme de certains qu’ils considéraient comme des alliés dans son action.
Elik Elhanan, chez lui à Brooklyn, le 27 octobre. «Mon activisme est fondé sur le principe d’édifier des passerelles au-dessus de cette impossible division, en rassemblant des gens qui avaient commis les uns contre les autres des choses insoutenables.» (Julien Gester)
par Julien Gester, correspondant à New York
publié le 29 octobre 2023 à 8h45

De plus de deux décennies d’activisme fondé sur le dialogue pour la paix et contre l’occupation des territoires palestiniens, l’Israélien Elik Elhanan dit avoir retiré pour principal enseignement «le pouvoir d’apprendre». En 1997, alors qu’il effectue son service militaire entre Gaza, la Cisjordanie et surtout le Sud Liban, sa sœur âgée de 14 ans est tuée par un attentat suicide du Hamas. Tandis que le conflit s’embrase lors de la deuxième intifada (2000-2005), il refuse l’appel à réenfiler l’uniforme, intègre différents groupes de solidarité avec les Palestiniens et co-fonde, en 2005, l’organisation Combatants for Peace, qui rassemble refuzniks israéliens et ex-combattants palestiniens, tous ayant pris part au cycle de la violence auquel ils entendent, ensemble, mettre fin. En 2012, il est arrêté à bord d’une des flottilles de la liberté, tentant de rompre le blocus de Gaza. Longtemps engagé aussi dans Parents Circle-Families Forum, où convergent des familles issues des deux camps et indifféremment endeuillées par le conflit, il enseigne la littérature à l’université publique de New York depuis 2014.

Comment avez-vous vécu les trois semaines qui viennent de s’écouler depuis le 7 octobre ?

J’ai la chance que ma famille n’ait pas été touchée, mais nous avons tous autour de nous des personnes qui ont traversé ce cauchemar et perdu des gens, d’autant que certains de nos proches sont originaires du kibboutz Be’eri [où 108 personnes ont été tuées, soit un dixième de l