Après avoir consacré plus de 290 millions de dollars pour soutenir des candidats républicains aux Etats-Unis l’an dernier, en particulier Donald Trump, Elon Musk pourrait fermer le robinet à dollars. L’homme le plus riche du monde a annoncé ce mardi 20 mai qu’il prévoyait de dépenser «beaucoup moins» de sa fortune - 423 milliards de dollars selon Forbes, soit quasiment le double de son dauphin, Mark Zuckerberg (221) - pour financer des campagnes électorales.
«Si je vois une raison de dépenser de l’argent en politique, je le ferai», a précisé Musk lors d’une visioconférence retransmise en public en marge du Forum économique de Doha au Qatar et diffusée par l’agence Bloomberg. «Mais pour l’instant, je n’en ai pas», a-t-il ajouté.
Récit
Après le succès électoral de Donald Trump, vers lequel le patron de Tesla, X et Space X a dirigé l’essentiel de son soutien financier, et le gain de la majorité pour les républicains à la Chambre des représentants, il s’est impliqué en mars, dans un scrutin local dans le Wisconsin. Il a financièrement soutenu le républicain Brad Schimel, candidat à un siège à la Cour suprême de cet Etat de l’extrême nord des Etats-Unis et dont l’élection aurait fait basculer l’instance à droite. Sans succès.
Elon Musk a aussi mis son nez dans des élections de notre côté de l’Atlantique. Outre le soutien à l’AfD, parti d’extrême droite allemande, il avait aussi promis en décembre 100 millions de dollars pour financer Reform UK, le parti europhobe et ultra-conservateur de Nigel Farage. Sans qu’on sache vraiment si ce dernier a vu la couleur de billets verts.
Recul de sa mission pour Trump
Autre signe de retrait de Musk, il a affirmé qu’il ne consacrait désormais plus qu’un jour ou deux par semaine à sa mission à la tête de la commission pour l’efficacité gouvernementale (Doge). Il avait déjà fait connaître, à plusieurs reprises, son intention de prendre du recul avec la mission que lui a confiée Donald Trump. Une mise en retrait avec l’accord du président américain.
Désormais, Elon Musk l’assure, il consacre la plupart de son temps à la gestion de ses sociétés, en premier lieu Tesla, en pleine crise. Interrogé quant aux effets négatifs de son engagement politique sur les ventes de ses véhicules électriques, le magnat a estimé que «nous avons peut-être perdu des ventes à gauche [chez les sympathisants de cette aile politique] mais nous en avons gagné à droite».
Lors de la présentation des résultats du premier trimestre, le directeur financier, Vaibhav Taneja, avait reconnu que le «vandalisme et l’hostilité injustifié envers notre maque et nos employés [avaient] eu un impact sur certains marchés».
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A ce sujet, le patron de la firme automobile électrique s’est voulu rassurant. La situation commerciale de Tesla a «déjà été rétablie» après une séquence de ralentissement des ventes du constructeur automobile, a-t-il assuré ce mardi. «Les ventes sont bonnes en ce moment», a affirmé le dirigeant, et «le marché (financier) le reconnaît car nous sommes repassés au-dessus des mille milliards de (dollars de) capitalisation. Donc la situation est déjà rétablie.»
Une annonce qui intervient après des semaines de trouble pour Tesla. Les ventes du groupe ont chuté de 13 % sur un an au premier trimestre, avec un fléchissement particulièrement marqué en Union européenne, où les immatriculations se sont contractées de 45 % par rapport à la même période de l’an dernier.
«L’Europe est le marché où nous sommes les moins bien positionnés», a admis Elon Musk. «C’est le cas pour tous les constructeurs, sans exception», a néanmoins soutenu l’entrepreneur d’origine sud-africaine au sujet de la morosité du marché automobile en Europe. Même s’il s’est sensiblement redressé ces dernières semaines (+ 26 % en deux semaines), le cours de Tesla reste inférieur de 29 % à son sommet enregistré fin décembre.