Ça sent le sapin pour la bromance Trump-Musk. Le second s’en est violemment pris au conseiller au commerce du premier ce mardi 8 avril, dans deux messages successifs publiés sur X. Elon Musk a estimé que Peter Navarro - l’inspirateur de la politique de droits de douane du président américain - est un «crétin», «bête comme ses pieds». L’homme le plus riche du monde a fait ces commentaires sous une vidéo dans laquelle Navarro estimait que le patron de Tesla «n’est pas un fabricant de voitures» mais seulement un «assembleur».
La veille, alors que les marchés mondiaux subissaient de violentes turbulences, Musk avait déjà protesté indirectement contre la politique protectionniste américaine. Il avait publié sur son compte X une vidéo de l’économiste américain Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976 et considéré comme l’un des économistes les plus influents du XXe siècle.
— Elon Musk (@elonmusk) April 7, 2025
Ce dernier utilise l’exemple d’un banal crayon à papier pour montrer la puissance de la mondialisation. «Le bois est celui d’un arbre coupé à Washington, la mine provient d’Amérique du Sud, la gomme de Malaisie. Des milliers de gens ont coopéré pour faire ce crayon», explique-t-il lors de son argumentation.
Milton Friedman critique les droits de douane qui conduisent à des augmentations de prix, à l’inverse du libre-échange qui, selon lui, «favorise aussi l’harmonie et la paix entre les peuples» liés économiquement.
Musk défend aussi une zone de libre-échange» Europe-Amérique
C’est donc la troisième fois en quelques jours que le libertarien s’en prend indirectement à la politique protectionniste de son président. Samedi, lors d’une visioconférence pendant le Congrès de parti italien anti-migrants La Ligue, à Florence, le multimilliardaire avait défendu la mise en place d’une «une zone de libre-échange» entre l’Europe et l’Amérique du Nord, avec des «droits de douane nuls». Tout le contraire du nouvel ordre économique mondial souhaité par Trump.
Depuis l’annonce du chef de l’Etat américain mercredi du renforcement des droits de douane, la fortune estimée de Musk a fondu de 35 milliards de dollars et l’action de Tesla a plongé de 13 %. Sa plus grande usine se situe à Shangaï, en Chine, tandis que ses deux sites de production aux Etats-Unis - en Californie et au Texas - ont largement recours à des pièces importées de l’étranger.
Analyse
Ce désaccord de fond entre les deux hommes s’inscrit dans un contexte où les rumeurs se renforcent au sujet d’un possible départ d’Elon Musk de son poste de bras droit de Trump. Conseiller spécial du président à la tête du département de «l’efficacité gouvernementale» (DOGE), Elon Musk serait critiqué en interne pour son imprévisibilité et sa cote de popularité en berne, notamment depuis son salut nazi.
Des allégations d’abord balayées par Musk lui-même, criant à la «fake news», puis par la Maison Blanche, qui a précisé que le patron de Tesla «quittera la fonction publique lorsque son travail au DOGE serait terminé». À l’origine, cette structure hors administration était censée rester active jusqu’au 4 juillet 2026, date du 250e anniversaire de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis.
Mise à jour : à 16 h 27, avec l’ajout des propos d’Elon Musk contre Peter Navarro sur X.