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Bataille des idées

Emmanuel Macron invite les chercheurs dans le collimateur de Donald Trump à «choisir la France»

Au lendemain du lancement de la plateforme «Choose France for Science», le chef de l’Etat a annoncé ce vendredi 18 avril qu’il réunira «la grande communauté de la recherche» début mai.
Emmanuel Macron à l'Elysee, le 14 avril. (Gonzalo Fuentes/REUTERS)
publié le 18 avril 2025 à 19h22
(mis à jour le 19 avril 2025 à 11h51)

Emmanuel Macron a invité vendredi les chercheurs «du monde entier» à «choisir la France» et l’Europe, dans une tentative d’attirer le secteur de la recherche américain menacé par la politique de Donald Trump. «Ici en France, la recherche est une priorité, l’innovation une culture, la science un horizon sans limite», a assuré le président français sur le réseau X.

L’effort financier pour accueillir des chercheurs américains «doit se faire au niveau européen», a complété samedi sur France Info le ministre français de la Recherche Philippe Baptiste, avant une «réunion de la communauté européenne de la recherche» prévue le 5 mai à Paris. La France est «très en pointe sur le sujet» de l’accueil de chercheurs dont le travail est menacé aux États-Unis à cause de la politique de l’administration Trump, a insisté Philippe Baptiste. Il n’en a pas précisé le coût, mais a estimé que «faire venir un chercheur de très bon niveau avec sa petite équipe autour de lui […], c’est à peu près un million d’euros sur trois ans».

L’accueil s’organise en France

Jeudi, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée «Choose France for Science», présentée comme «une première étape pour préparer l’accueil des chercheurs internationaux». Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et ont peur pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche minées, financements sabrés. De plus en plus de chercheurs ou d’aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu’ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, avait demandé dès début mars aux universités de phosphorer à des moyens de les accueillir. «Alors que le contexte international crée aujourd’hui les conditions d’une vague de mobilité sans précédent parmi les chercheurs à travers le monde, la France entend se positionner comme un lieu d’accueil pour ceux qui souhaiteraient poursuivre leurs travaux en Europe, en s’appuyant sur l’écosystème et les infrastructures de recherche de notre pays», a ainsi affirmé jeudi dans un communiqué Philippe Baptiste, avec la ministre de l’Education, Elisabeth Borne, et le secrétaire général pour l’investissement, Bruno Bonnell.

«Réfugié scientifique»

La plateforme qu’ils mettent en ligne vise à recenser les «projets d’accueil de chercheurs internationaux prêts à venir s’installer en Europe» montés par les universités, écoles et organismes de recherche. Les thématiques de recherche doivent porter notamment autour de la santé, du climat et de la biodiversité, du numérique et de l’intelligence artificielle, de l’espace ou encore de l’agriculture. «Chaque projet d’accueil financé par les institutions avec, le cas échéant les collectivités territoriales et le secteur privé, pourra donner lieu à un complément de financement par l’Etat via France 2030 pouvant atteindre jusqu’à 50 % du montant total du projet», ajoute le gouvernement.

L’université d’Aix-Marseille (AMU), qui avait lancé dès début mars un appel aux chercheurs américains, avait annoncé jeudi avoir «reçu 298 candidatures dont 242 éligibles, en cours d’analyse», et que les premiers chercheurs arriveront début juin. AMU a initié le programme «Safe Place for Science» avec pour projet d’allouer une enveloppe de 600 000 à 800 000 euros par chercheur sur trois ans.

En parallèle, une proposition de loi ambitionnant de créer un statut spécifique de «réfugié scientifique» pour permettre d’attirer en France des chercheurs américains menacés par l’administration Trump a été déposée lundi par l’ancien président français François Hollande, redevenu député.

Mise à jour samedi 19 avril avec ajout des propos de Philippe Baptiste sur France Info