Menu
Libération
Claque

En Argentine, le président Milei nettement défait lors d’une importante élection-test

A quelques semaines des législatives de mi-mandat, le chef de l’Etat populiste est arrivé dimanche 7 septembre loin derrière les péronistes lors d’un scrutin dans la province de Buenos Aires, qui compte plus du tiers de l’électorat national.

Le président argentin, Javier Milei, à La Plata dans la province de Buenos Aires, le 7 septembre 2025. (Tomas Cuesta/REUTERS)
Publié le 08/09/2025 à 8h51

Le président argentin, Javier Milei, a subi dimanche 7 septembre un net revers lors d’une élection dans l’importante province de Buenos Aires, à valeur de test en vue des législatives de mi-mandat en octobre. Pas de quoi refroidir les ardeurs de Milei, qui a promis «d’accélérer» le cap de ses réformes ultralibérales.

Selon des résultats officiels à 93 % des votes décomptés, la Libertad Avanza (LLA), parti libertarien du président argentin, a obtenu un peu moins de 34 % des voix, contre plus de 47 % à l’opposition péroniste de Fuerza Patria (centre gauche) dans la province de Buenos Aires, qui compte plus du tiers de l’électorat national.

La province étant un fief péroniste, une victoire de LLA au scrutin n’était guère envisagée, mais l’écart, a priori important – de l’ordre de 13 points de pourcentage, voire plus –, a fait mentir la plupart des sondages, qui prévoyaient une course serrée.

Il s’agissait du premier grand test électoral pour Javier Milei depuis le début de sa présidence en décembre 2023, sur un programme de relance d’une économie engluée dans une inflation et un endettement chroniques, et qui sabre dans les dépenses publiques.

«Une claire défaite»

Pour autant, le parti de Milei, qui, pour cette élection provinciale, avait fait alliance avec le parti PRO de l’ex-président libéral Mauricio Macri (2015-2019), devrait gagner du terrain au sein de l’assemblée de la province de Buenos Aires, que ce scrutin renouvelait. Il devrait y doubler son contingent de 12 sièges (sur 92).

Javier Milei a reconnu sans détour dimanche que «sur le plan politique, [c’était] une claire défaite». Mais «le cap pour lequel nous avons été élus en 2023 ne va pas changer […] nous allons l’approfondir et accélérer», a-t-il lancé au QG électoral de son parti à La Plata (sud de Buenos Aires).

«Il va devoir changer de cap ! a lancé au QG péroniste le gouverneur de la province, Axel Kicillof, en réponse directe au Président. Milei, le peuple vient de te donner un ordre […], gouverne pour le peuple !» Kicillof, 53 ans, un des chefs de file de l’opposition, est perçu comme son seul présidentiable possible, a fortiori depuis que l’ex-présidente et icône de la gauche argentine, Cristina Kirchner, 72 ans, purge à domicile depuis juin une peine de prison et d’inéligibilité à vie, après sa condamnation pour administration frauduleuse pendant ses mandats (2007-2015).

Nervosité des marchés financiers

Le scrutin de dimanche survenait dans une période délicate pour le gouvernement Milei, malgré ses résultats éloquents – bien qu’à un fort coût social – depuis deux ans contre l’inflation, ramenée à 17,3 % sur sept mois depuis janvier, contre 87 % sur la même période en 2024.

L’exécutif a été secoué en août par un scandale de présumés pots-de-vin au sein de l’Agence nationale pour le handicap, qui implique Karina Milei, sœur du président et secrétaire générale de la présidence. Qui à ce stade n’a toutefois pas été directement mise en cause par la justice.

Mais Javier Milei a aussi subi un important revers législatif jeudi 4 septembre, lorsque le Parlement, pour la première fois de sa présidence, a annulé un veto présidentiel, sur une loi de financement accru des personnes handicapées. Au nom, selon l’exécutif, d’un sacro-saint équilibre budgétaire, qu’il a de nouveau promis dimanche de ne sacrifier en rien.

En outre, sur le plan économique, le gouvernement, a commencé cette semaine, dans un virage notable, à intervenir sur le marché des changes pour enrayer la dépréciation du peso, qui s’était accélérée récemment, sur fond de nervosité préélectorale des marchés financiers. Leur réaction lundi au revers de Milei dans les urnes était une des inconnues.

Néanmoins, le résultat provincial de dimanche ne préfigure pas nécessairement des élections nationales d’octobre (qui renouvelleront un tiers du Sénat et la moitié des députés). Les sondages suggèrent avec constance un noyau dur d’approbation de Javier Milei autour de 40 %, voire davantage.