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Libération
Affaire Jégou-Auradou

En Argentine, le rugby vu comme un sport de «brutes» et de «privilégiés»

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Violences sexuellesdossier
Perçu comme machiste, violent et bourgeois, le ballon ovale souffre d’une réputation sulfureuse dans le pays, alimentée ces dernières années par des faits divers très médiatisés qui ont choqué l’opinion publique.
Des proches de Fernando Báez Sosa, un étudiant en droit de 18 ans battu à mort par des rugbymen argentins à la sortie d'une boîte de nuit en janvier 2020, pleurent en apprenant la condamnation de cinq d'entre d'eux à la prison à vie, à Carapegua, au Paraguay, le 6 février 2023. (Norberto Duarte /AFP)
par Noémie Lehouelleur, à Buenos Aires
publié le 16 juillet 2024 à 19h45

Sitôt le coup de sifflet final donné, des flots de supporters des Pumas argentins se déversent aux abords du stade José Amalfitani de Buenos Aires. Ils brandissent avec orgueil le drapeau national bleu ciel et blanc, le visage illuminé par la victoire inattendue de leur équipe, 33 à 25, face à un XV de France visiblement affaibli samedi 13 juillet. Ils se rembrunissent à l’évocation de l’inculpation d’Hugo Auradou et Oscar Jégou, accusés de viol aggravé après un match de la tournée du XV de France. «Ce sport était déjà très mal vu, alors cette histoire ne fait qu’empirer la situation», déplore Gaspar, joueur amateur de 18 ans. Quelques mètres plus loin, une trentaine d’adolescents bruyants chahutent. Même à 14 ans, ils sont au courant de l’affaire et bien conscients de l’image négative de leur discipline. Pour le jeune Lucas, «le rugby est perçu comme violent juste parce que c’est un sport de contact…» «Ils disent que c’est un sport de bourges, de gens qui ont de la thune», surenchérit l’un de ses camarades. La géographie de la capitale confirme cet a priori. La majorité des 90 clubs et terrains de rugby sont situés dans les quartiers et les banlieues nord, historiquement ceux des classes aisées.

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