«A vendre pavillon 209 m², quartier Parque Luro, 235 000 dollars.» Cette anodine annonce publiée sur le site d’une agence immobilière de Mar del Plata, à 400 km de Buenos Aires, a involontairement révélé la trace d’un tableau spolié par les nazis, et peut-être d’autres pièces. Sur une des photos du bien proposé, une belle maison de plain-pied dans un quartier huppé de la station balnéaire du littoral atlantique, figurait en effet une peinture accrochée dans le salon.
Pour les experts consultés, il s’agit sans le moindre doute de Portrait d’une dame de l’Italien Giuseppe Ghislandi (1655-1743), surnommé Fra Galgario, portraitiste réputé de l’aristocratie bergamasque de son temps. L’œuvre est répertoriée dans le registre néerlandais des biens culturels disparus pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sa découverte est le fruit de l’incroyable coup de chance d’une équipe de journalistes du quotidien néerlandais Algemeen Dagblad : deux d’entre eux enquêtent de longue date sur la collection du marchand d’art juif Jacques Goudstikker, riche d’environ 1 400 œuvres qui ont fini entre les mains de l’occupant nazi, en 1940. Seules 202 ont été récupérées après-guerre puis exposées dans des musées néerlandais. En 2006, après cinq décennies de bataille juridique, le trésor a enfin été restitué à