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Libération
Road-trip

En attendant Trump, épisode 4 : dans le Tennessee, «on peut sentir la prospérité dans l’air»

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Élections américaines de 2024dossier
Jusqu’à la veille de l’investiture de Donald Trump le 20 janvier, notre correspondant traverse les Etats-Unis du Sud au Nord et chronique les espoirs et les craintes d’Américains suspendus entre deux présidences que tout, ou presque, promet d’opposer.
Coordinateur au sein du syndicat LiUNA, William Cardenas orchestre l’embauche et la formation d’ouvriers pour le chantier titanesque dit «BlueOval City», une usine Ford de batteries et camions électriques. (Julien Gester)
par Julien Gester, envoyé spécial à Brownsville (Tennessee)
publié le 16 janvier 2025 à 12h57

Loin du marasme national brandi par quantité d’électeurs comme un irrévocable motif de rejet, ou de punition, à l’endroit du Parti démocrate du président Biden, un saisissant microclimat baigne les environs de la galerie commerciale fanée de Brownsville où l’on s’est garé, pourtant l’un des coins les plus défavorisés de l’ouest rural du Tennessee – en orbite de la métropole de Memphis. Cet après-midi-là, comme tous les jours depuis près de trois ans, nous dit-on, le bureau 386 du syndicat Laborers’ International Union of North America (dit «LiUNA»), logé dans un local sans qualité, diffuse les nappes d’un enthousiasme et un optimisme quasi béats/ Toutes choses auxquelles le coordinateur missionné par l’organisation, l’expérimenté William Cardenas, donne cet autre joli nom : «Le progrès.»

«C’est ce que je vois autour de moi ici, et dans tellement d’autres endroits du Sud profond dont on parle peu ou pas : on peut sentir la prospérité dans l’air», s’emballe-t-il avec son débit rapide et nerveux de New-Yorkais d’origine, qui a établi en Floride la base de sa vie et son œuvre d’activiste pour «la dignité» des travailleurs. A 56 ans, cela fait trente-cinq mois qu’il est posté là, à orchestrer l’embauche et la formation d’ouvriers