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Libération
Reportage

En Bolivie, le lac Titicaca s’assèche dangereusement

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L’étendue d’eau est en alerte sécheresse depuis la fin du mois de juillet. Agriculture, élevage, tourisme, pêche… De nombreux secteurs sont touchés et la situation affecte les populations vivant sur les rives du lac situé à 3 800 mètres d’altitude.
Dans l'Altiplano bolivien, le long d'une zone asséchée du lac Titicaca, partagé par la Bolivie et le Pérou, dont le niveau d'eau a atteint un niveau historiquement bas en raison du changement climatique et d'une grave sécheresse, le 9 août 2023. (Aizar Raldes/AFP)
par Nils Sabin, Envoyé spécial au lac Titicaca
publié le 15 août 2023 à 11h14

«J’ai 64 ans, je travaille ici depuis que j’ai 8 ans et je n’ai jamais vu ça.» Le long du lac Titicaca, les mots de Silverio trouvent un écho tout particulier. La sécheresse est historique et pour l’habitant de Copacabana, principale ville touristique bolivienne donnant sur le lac (la frontière avec le Pérou traverse le lac), comme pour beaucoup d’autres sur les rives du Titicaca, la situation est critique. Le niveau de l’eau est très proche du minimum historique de 1998 et pourtant, la sécheresse devrait durer jusqu’à la fin novembre.

En arrivant depuis La Paz, on tombe sur Huarina, l’un des premiers patelins donnant sur le Titicaca. Ici, la sécheresse a fait reculer le lac de quelques centaines de mètres. «Comme c’est en train de sécher, le lac est plus loin et il n’y plus d’eau pour les vaches», raconte Juan, la vingtaine, qui fait paître ses huit vaches devant sa maison, un chevreau dans les bras. Le Titicaca est loin, simple tache bleue derrière un océan d’herbes jaunes brûlées par le soleil. Deux solutions s’offrent au garçon vacher, amener son troupeau jusqu’au lac «à trente minutes de marche» ou louer un tracteur «25 euros de l’heure» pour remettre en état les canaux à sec qui amène l’eau à proximité de sa maison.

«A certains endroits, nos embarcations s’échouent»

Quatre-vingts kilomètres et une traversée en bac plus loin, arrivée à Copacabana. Ici, les bords du Titicaca se transforment rapidement en collines terrassées pour l’agriculture et l’eau n’a pas reculé comme à Huarina. Pourt