En dépit du délicieux air marin et du calme verdoyant des collines alentour, Raïhana et Mohamed Saja conservent le dur regard de ceux qui ont réchappé aux pires tempêtes. «Lorsque les talibans ont pris Kaboul, l’été dernier, nous avons attrapé nos deux enfants et nous sommes rués vers l’aéroport, se remémore le couple depuis son nouvel appartement situé en banlieue de San Francisco. Il y a eu un attentat-suicide, nous avons été piétinés par la foule, mais on s’en est miraculeusement sortis. Au moment d’embarquer à bord de l’avion de l’US Air Force, tout le monde pleurait de joie.» Pour la petite famille qui n’avait jamais mis les pieds hors d’Afghanistan, s’ouvre alors un périple de plusieurs mois à travers diverses bases de l’armée américaine ; trois semaines sous un hangar du désert qatari, quelques jours sur la base de Ramstein, en Allemagne, suivi d’un hiver passé dans un camp militaire du Wisconsin, où l’Oncle Sam leur fait passer une batterie de tests médicaux et prépare la paperasse nécessaire à leur nouvelle vie.
Terre d’émigration historique
«A la fin de l’hiver, on nous a demandé où nous comptions nous installer. Nous av