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Une vision hante le voisinage de Jenny Whitlatch depuis des jours, celle d’un homme et sa petite fille emmitouflée dans un ciré mauve, dressés sur un pont au-dessus de la rivière Swannanoa alors que la fureur pluvieuse d’Hélène, ouragan devenu tempête, se déchaînait sur Asheville et sa région. «Tous les gens du quartier qui étaient sortis de chez eux les hélaient pour leur demander s’ils n’étaient pas coincés, mais ils continuaient à secouer la tête et lever le pouce en signe que tout allait bien. Et puis il y a eu un cri à glacer le sang, alors que l‘eau de la rivière débordait la rambarde. On ne les a plus vus, le pont a été emporté. Et personne ne sait qui ils étaient, ni ce qu’ils sont devenus.»
«C’était biblique», murmure cette femme au visage doux, qui ne cerne pas encore bien les contours traumatisés de ce qu’elle et son mari ont surmonté indemnes : «Et personne ne pouvait être préparé à ça, ni les autorités ni personne : on n’a jamais rien vu de pareil ici, à 500 kilomètres des côtes, alors qu’on dit toujours que les ouragans perdent de leur force après avoir touché terre». Avant de submerger sa ville des confins ouest de la Caroline du Nord, à la lisière du Tennessee, il était attendu qu’Hélène frappe à pleine puissance les rivages de Floride