L’élévation de la première femme de couleur à recevoir officiellement l’investiture présidentielle d’un grand parti américain a failli être éclipsée par une rumeur. Un brouhaha de spéculations aussi insistantes que sûres d’elles, recouvrant toute la dernière journée de la convention du Parti démocrate, jeudi 22 août, à Chicago : une célébrité surprise serait la passagère clandestine du programme, tapie en coulisses, prête à surgir pour injecter à cette soirée de clôture une dose de starpower supplémentaire. Beyoncé, Taylor Swift, Philippe Katerine ? Finalement, nulle autre que Kamala Harris elle-même, portée en superstar sur le devant de la scène et sous le vacarme des acclamations, par cet aveu : «Le chemin qui m’a conduite ici ces dernières semaines était sans aucun doute inattendu – mais les voyages improbables ne me sont pas étrangers.»
Avec une assurance pleine de clarté, une stature et une voix empreinte d’accents plus présidentiables que jamais, elle a donc livré le discours le plus long, ample et déterminant de son existence en politique – qui promet d’être la matrice de bien d’autres, à prononcer dans les mois à venir –, pour se promettre la future «présidente de tous les Américains» et l’architecte d’un «nouveau chemin» propice à «dépas