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Libération
Reportage

En Colombie, Gustavo Petro mise sur la justice réparatrice

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Grâce à une loi historique, entrée en vigueur en septembre 2023, des femmes colombiennes, cheffe de famille et condamnées pour des délits mineurs peuvent être libérées de prison.
Une femme condamnée pour trafic de drogue, à la prison pour femmes El Buen Pastor, à Bogota, le 26 février. (Alejandro Martinez/AFP)
par Gabrielle Colchen, correspondance à Bogota
publié le 26 mai 2024 à 12h15

Sur la vidéo, Yeny, 36 ans, a les joues creuses et l’air fatigué. Quand elle aperçoit sa mère de l’autre côté d’un portique de sécurité, elle tombe d’abord d’émotion, se prend la tête entre les mains. Puis elle se relève, récupère ses affaires et lui saute dans les bras en pleurant. Deux mois et demi plus tard, Miriam montre avec plaisir les images de ses retrouvailles avec sa fille à Medellín, après que celle-ci a bénéficié d’une nouvelle loi inédite qui permet aux mères marginalisées, condamnées pour des délits mineurs, de sortir de prison. Aujourd’hui, le visage de Yeny a repris des couleurs. Elle effectue son service social obligatoire dans la fondation Nuevo Milenio, dans le sud de Bogotá, la capitale colombienne, où elle s’occupe d’enfants vingt heures par semaine. En parallèle, elle cherche un emploi, accompagnée par Leidy, une travailleuse sociale.

En 2019, Yeny a été condamnée à douze ans de prison pour vol de téléphone à main armée – un délit qu’elle affirme ne pas avoir commis – et a passé presque quatre ans dans la prison de Pedregal, à Medellín. Pendant ce temps, c’est sa mère qui s’occupait de ses cinq enfants, avec qui elle n’a eu presque aucun contact. «Une ou deux fois j’ai organisé des appels vidéo pour que les enfants puissent voir leur maman, mais au moment de se dire au revoir, je voyais que cela leur faisait trop de mal et j’ai décidé de ne plus le faire», se rappelle Miriam.

Au fur et à mesure de la détention, l’état physique et psychologique de l