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Reportage

En Colombie, la restitution des terres laisse du champ aux paysans

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Dans un pays où la concentration foncière est considérable, le nouveau président de gauche, Gustavo Petro, s’est engagé à redistribuer les biens spoliés par les cartels et paramilitaires. Dans le nord de l’Etat, la réforme agraire doit notamment permettre à 50 familles de récupérer une parcelle.
29 novembre 2022, Támesis, Colombie: Maria Santana, paysanne bénéficiaire de la redistribution des terres de la propriété Támesis, observe la piscine de la propriété. Crédit: Nadège Mazars pour Libération (Nadège Mazars/Libération)
publié le 24 décembre 2022 à 6h30

Quelques personnes ont discrètement pris place autour de la grande table en bois précieux qui trône au milieu du salon monumental. D’autres arpentent les longs couloirs dallés en damiers noir et blanc, certaines flânent sur la terrasse, regardant d’un air pensif l’immense piscine mais surtout les kilomètres de terres vertes qui s’étendent au loin. Luxe, calme et volupté. Bienvenue à l’hacienda Támesis, vaste domaine de 591 hectares longtemps occupé par de douteux personnages liés aux narcotrafiquants et aux paramilitaires. En l’occurrence, le terrifiant «clan Castaño» selon les autorités qui ont saisi leurs biens.

«C’est ici que commence la réforme agraire», a déclaré il y a quelques semaines Gustavo Petro, premier président de gauche colombien, en annonçant la remise de ces terres à 50 familles de paysans victimes de la violence dans les années 90 et 2000. Il a souligné la «force symbolique» de cette «restitution» dans un pays où la concentration de la propriété foncière est la plus élevée d’Amérique latine.

«Chair de poule»

Car l’hacienda Támesis est située à 7 km de Montería, la capitale du département de Córdoba, dans le nord du pays. Une région qui fut, avec l’Urabá, un peu plus au nord-ouest, l’un des épicentres de la guerre entreprise par les groupes paramilitaires des frères Castaño, dans