Il est midi. Naidaluz González, 29 ans, attend avec deux de ses cinq enfants que son mari revienne. Elle n’a encore rien mangé de la journée, même chose pour Elan David, 13 mois, et Abraham, 3 ans. Dans sa cahute faite de plastique et de carton, un peu de bois et de charbon, à même le sol, sont prêts à faire chauffer ce que le père de famille sorti à 5 heures du matin «aura trouvé». S’il trouve.
Autour, à perte de vue s’entassent des centaines d’habitations misérables mais proprettes : certaines sont faites de carton, d’autres, grand luxe, de bâches en plastique ou, encore mieux, de plaques de tôle, signe que leurs habitants sont arrivés depuis plus longtemps ou qu’ils se sont mieux débrouillés. Un âne passe : sur sa carriole trônent deux réservoirs de 200 litres d’eau – non potable – vendue au prix de 500 pesos (11 centimes d’euros) les 20 litres. Un sésame dans un bidonville pour se laver et cuisiner, mais un danger bactériologique pour qui la consomme…
Bienvenue à La Pista, le plus grand des 45 campements de migrants vénézuéliens que compte le département aride et frontalier de La Guajira, dans le Nord colombien. Ce bidonville-là s’est formé il y a moins de quatre ans, de part et d’autre de la piste d’atterrissage de l’ancien aéroport de Maicao. La ville avait autrefois la réputation de «vitrine commerciale de la Colombie» en raison de son activité marchande à ciel ouvert, nourrie par la contrebande transfrontalière.
Aujourd’hui, plus de 30 % de ses habitants s