Espèce invasive, les hippopotames d’Escobar ? A sa mort, l’ex-baron de la drogue a laissé une colonie de ces animaux, qui, en proliférant, sont vite devenus encombrants pour la Colombie. Les autorités ont donc décidé de supprimer une partie de ces 166 hippopotames, a annoncé jeudi 2 octobre la ministre de l’Environnement. Avec la stérilisation et le transfert d’individus vers d’autres pays, la mise à mort de ces mammifères qui prolifèrent dans un fleuve local, la Magdalena, sera l’une des trois mesures prises par les autorités pour éviter les dommages causés par cette espèce envahissante.
«La première étape de ce plan de gestion commence» avec «la phase de stérilisation» d’une vingtaine de mâles d’ici à la fin de l’année, a expliqué la ministre de l’Environnement, Susana Muhamad, au cours d’une conférence de presse. Tandis que des chercheurs de l’Université nationale, un organisme public de Colombie, estiment que le millier de spécimens pourrait être atteint d’ici à 2035 si cette population n’est pas contrôlée, des associations de défense des animaux soulignent néanmoins que la stérilisation entraîne des souffrances pour l’animal et met en danger la vie des vétérinaires. David Echeverri, un représentant de l’organisation qui sera chargée des opérations, reconnaît que les risques de réaction allergique à l’anesthésie peuvent entraîner la mort de l’animal. «Une partie» seront tués, a-t-elle ajouté sans délivrer de chiffre précis ni quand le processus d’élimination pourrait débuter. Enfin, des spécimens seront envoyés au Mexique, en Inde et aux Philippines, des pays disposés à les accueillir.
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Intrusions, divagations nocturnes et attaques
Ces herbivores de près de 2 tonnes vivent en toute liberté dans la province d’Antioquia, dans le nord de la Colombie, et forment le plus grand troupeau d’hippopotames hors du continent africain. Mais les experts redoutent la survenue d’accidents graves. Des pêcheurs ont été attaqués sur le fleuve et des hippopotames ont fait une intrusion dans une cour d’école près de la ville de Doradal. Les éleveurs de bétail dénoncent quant à eux les dommages causés par leurs divagations nocturnes. En avril, un hippopotame a été mortellement percuté par un camion. De leur côté, les biologistes avertissent du fait qu’ils provoquent le déplacement de la faune locale, notamment du lamantin, une espèce menacée.
A la fin des années 80, Pablo Escobar avait agrémenté le zoo de sa fantasque hacienda, à une centaine de kilomètres au sud-est de Medellín, d’une poignée d’hippopotames importés illégalement. Depuis la mort du narcotrafiquant, tué par la police en 1993, les animaux sont livrés à eux-mêmes et se sont reproduits de façon incontrôlée dans une région sillonnée de rivières, marécages et marais. Un habitat parfait pour ce mammifère qui reste dans l’eau une grande partie de la journée, avant d’en sortir au crépuscule pour aller brouter l’herbe.