En résumé :
- Emmanuel Macron a prononcé une allocution à 20 heures, «dans ce moment de grande incertitude où le monde est confronté à ses plus grands défis». Face à «la menace russe» et à un président américain plus qu’imprévisible, il a appelé à une Europe de la Défense, et donc à davantage d’investissement dans le secteur, en France comme dans l’UE.
- Donald Trump a tenu dans la nuit du mardi au mercredi 5 mars sa première allocution devant les élus du Congrès depuis son retour au pouvoir. Parmi les principaux points, le président républicain a notamment affirmé que Volodymyr Zelensky lui aurait envoyé «une lettre» dans laquelle il se dirait «prêt à s’asseoir à la table des négociations dès que possible» avec la Russie.
- Le milliardaire a défendu sa politique de droits de douane, affirmant que les Etats-Unis mettront en place à partir du 2 avril des taxes réciproques à celles imposées par les autres pays sur les produits américains. Il a aussi pour la première fois reconnu l’impact de cette stratégie : il y aura «quelques perturbations, mais nous sommes d’accord avec ça».
Mathilde Panot fustige un «discours va-t-en-guerre de Macron». La députée LFI a descendu en flammes sur X l’allocution du président de la République, affirmant qu’il «propose du sang et des larmes au peuple français pour une économie de guerre», l’opposant à l’«économie de paix et [au] respect du droit international» voulus par son parti. Elle tape également sur la volonté de réindustrialiser affichée ce mercredi soir par Emmanuel Macron, qui «laisse mourir» ne parallèle «Vencorex et les Fonderies de Bretagne». Tout en dénigrant l’argument de force déployé par le Président sur la capacité de dissuasion nucléaire de la France : «un parapluie nucléaire […] chimérique», balaie Mathilde Panot.
Pour les Ecologistes, «ne soyons pas naïfs : sans augmenter les impôts des plus riches, Emmanuel Macron ne pourra ni financer cet effort de guerre ni le faire accepter à la population». Si le parti de Marine Tondelier partage ce mercredi soir le même constat que le président de la République, à savoir «nous ne lâcherons jamais une démocratie européenne envahie par un autocrate réactionnaire», s’il n’est «pas contre a priori» «augmenter le budget de la défense pour défendre l’Ukraine face à l’agression russe», il refuse néanmoins d’être «naïf» : «sans augmenter les impôts des plus riches, Emmanuel Macron ne pourra ni financer cet effort de guerre ni le faire accepter à la population». Et de dérouler : «Car si la solidarité avec l’Ukraine n’est pas financée de manière juste et se traduit par des coupes budgétaires supplémentaires dont les plus vulnérables seront les premières victimes, le soutien à l’Ukraine chutera dans l’opinion. Et cela fera doublement le jeu de l’extrême droite. Chez Les Ecologistes, nous avons le mérite de la constance : nous voulons plus de solidarité. Et avec les Ukrainiens, et entre les Français. Ce n’est plus seulement une question de justice fiscale, c’est désormais une urgence vitale.»
La une de «Libé» de ce jeudi.
Face à la menace russe : «L’innocence est révolue»C'est la une de Libération jeudi
— Libération (@liberation.fr) 5 mars 2025 à 21:34
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Droits de douane : Trump presse le Canada, les automobiles exemptées. Le président américain a jugé ce mercredi que les réponses du Canada étaient insuffisantes pour permettre un compromis sur les droits de douane mais a concédé une exemption d’un mois pour le secteur crucial de l’automobile, à la demande des constructeurs américains. Cette première exemption temporaire aux droits de douane de 25% imposés mardi au Canada et au Mexique a été décidée pour que les grands constructeurs automobiles américains «ne subissent pas de désavantages économiques», a expliqué devant la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. Cette exemption concerne les véhicules importés dans le cadre de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM), a précisé la porte-parole. En parallèle, Trump a accusé mercredi le Premier ministre canadien démissionnaire, Justin Trudeau, d’utiliser la question des droits de douane pour «rester au pouvoir», après un entretien téléphonique entre les deux dirigeants.
Le portrait de la Russie, selon Emmanuel Macron. Pour justifier de sa volonté de réarmer l’Europe, le Président a dépeint une Russie particulièrement menaçante. «La menace russe est là, et touche les pays d’Europe – nous touche», affirme-t-il, avant de dérouler de nombreux exemples d’ingérences russes sur le territoire européen. «La Russie du président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants», cela a été le cas, en février 2024, d’un pilote russe qui avait déserté de l’armée et retrouvé mort en Espagne. «Elle manipule les élections en Roumanie, en Moldavie», au point qu’une nouvelle élection présidentielle roumaine aura lieu, en raison de ces ingérences. «Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux pour en bloquer le fonctionnement», comme le piratage, à Cannes, en mai 2024. «La Russie tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux», conclut-il, affirmant qu’en clair, «cette agressivité ne semble pas connaître de frontières».
«La patrie a besoin de vous et de votre engagement» et «nous ferons face ensemble», lance Macron. «La France ne suivra qu’un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté», a déclaré mercredi soir le président de la République, qui a également assené : «La patrie a besoin de vous et de votre engagement.» «Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation. Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements», a solennellement déclaré le chef de l’Etat.
Emmanuel Macron propose un débat sur une dissuasion nucléaire élargie aux alliés européens. Après avoir rappelé que la France était mieux lotie que certains de ses voisins européens, grâce à la dissuasion nucléaire, le chef d’état affirme vouloir «ouvrir le débat» sur une possible étendue de cette dissuasion. «Répondant à l’appel historique du futur chancelier allemand, [Friedrich Merz], j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen», a-t-il affirmé. Il tient tout de même à rassurer: «Quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées.»
Les taxes douanières américaines sont «incompréhensibles», dit Macron qui espère «convaincre» Trump d’y renoncer. Sur l’autre front chaud, à savoir celui des Etats-Unis, Emmanuel Macron a jugé les taxes douanières américaines sur les marchandises européennes sont «incompréhensibles», et dit «espérer en dissuader» Donald Trump. Le chef de l’Etat a indiqué qu’il fallait «nous préparer à ce que les Etats-Unis décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes», comme ils viennent de le confirmer à l’encontre du Canada et du Mexique. «Cette décision, incompréhensible tant pour l’économie américaine que pour la nôtre, aura des conséquences sur certaines de nos filières», a-t-il prévenu, et «ne restera pas sans réponse de notre part», en disant espérer «convaincre» Donald Trump que «cette décision nous ferait du mal à tous» et «l’en dissuader».
La France réunira à Paris les chefs d’état-major des pays prêts à garantir une future paix en Ukraine. La France réunira la semaine prochaine à Paris les chefs d’état-major des pays prêts à garantir une future paix en Ukraine, a annoncé mercredi soir Emmanuel Macron lors d’une allocution aux Français car «l’avenir de l’Europe ne doit pas être tranché à Washington et Moscou», tonne Emmanuel Macron. La paix en Ukraine «passera aussi, peut-être, par le déploiement de forces européennes. Celles ci n’iraient pas se battre aujourd’hui, elles n’iraient pas se battre sur la ligne de front, mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect. Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard», a déclaré le chef de l’Etat.
Une Europe à la hauteur des Etats-Unis et de la Russie. Pour Emmanuel Macron, l’UE a «les moyens» de se comparer «aux Etats-Unis et a fortiori à la Russie». «Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents pour être la hauteur de cette époque», martèle-t-il. Pour cela, il défend une union de tous les Européens, déterminés à se protéger des menaces extérieures.
Emmanuel Macron déroule plusieurs engagements qui seront pris ce jeudi lors de la réunion extraordinaire européenne. Faisant le constat que «la menace revient à l’Est», le Président est revenu sur le sommet européen extraordinaire qui attend les dirigeants de l’UE jeudi 6 mars à Bruxelles : «Nous franchirons des pas décisifs», affirme-t-il, précisant deux décisions prises : les Etats membres de l’Union européenne pourront désormais accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit et un financement commun massif pour l’achat et la production sur le sol européen de munitions, chars, armes et équipements innovants.
«Il faudra des réformes, des choix, du courage», avertit le Président. Emmanuel Macron, qui annonce souhaiter un effort pour l’économie et la défense du pays, affirme que «nous avons presque doublé notre budget de l’armée en presque dix ans» et avertit que c’est insuffisant : «Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires. J’ai demandé au gouvernement d’y travailler le plus vite possible.» Il se veut néanmoins rassurant : «Mobiliser des financements privés mais aussi publics», certes, mais «sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela il faudra des réformes, des choix, du courage».
La France a un «statut particulier» grâce à «ses capacités de dissuasion nucléaire». Contre la menace russe, Emmanuel Macron annonce avoir «demandé au gouvernement» d’accélérer «la réindustrialisation dans nos régions», qui doit aller de pair avec celle de l’UE. Il précise : «Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre et à se protéger, qui produisent ensemble les équipements dont ils ont besoin, qui sont prêts à coopérer, à réduire leur dépendance du reste du monde.» Il rappelle également le «statut particulier» de la France, elle qui est dotée «de capacités de dissuasion nucléaire», ce qui «nous protège beaucoup plus que nos voisins».
«L’Europe de la Défense, que nous défendons depuis huit ans, devient une réalité.» Le président de la République axe son allocution sur cette menace russe, fustigeant «une agressivité [qui] ne semble pas connaître de frontières. Et la Russie dans le même temps continue de se réarmer, dépensant 40 % de son budget à cette fin, elle prévoit d’accroître encore son armée», affirme Emmanuel Macron, chiffres à l’appui. Il interpelle : «Qui peut croire dans ce contexte que la russie s’arrêtera à l’ukraine ?» Il regrette par ailleurs le changement de braquet de l’allié américain : «Je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés, mais il faut être prêt si cela n’était pas le cas», dit le chef de l’Etat, qui appelle à investir davantage dans la défense européenne. «Les Etats européens doivent […] être capables de mieux se défendre et dissuader toute nouvelle agression». «Il nous faut nous équiper davantage, martèle le Président, hausser notre position de défense, pour dissuader. Nous restons attachés à l’Otan et notre partenariat avec les Etats-Unis, mais il nous faut renforcer notre indépendance en matière de défense et de sécurité.» Macron «L’Europe de la Défense, que nous défenfons depuis huit ans, devient une réalité.»
«La menace russe est là», avertit Emmanuel Macron. Le président de la République dit entendre les interrogations des Français ce mercredi soir : «Vous êtes légitimement inquiets devant les événements historiques en cours», constate le Président, avant d’égrener : «La guerre en Ukraine, qui a entraîné un million de mort et blessés, les Etats-Unis d’Amérique, notre allié, ont changé de position sur cette guerre.» Et d’assener : «Nous rentrons dans une nouvelle ère.» Emmanuel Macron attaque directement Vladimir Poutine en affirmant que «la menace russe est là». Elle «touche tous les pays d’Europe, nous touche. Elle a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial», estime le Président, faisant notamment référence aux «militaires nord-coréens» sur le front ukrainien. Emmanuel Macron le dit sans ambages, la Russie «teste nos limites».
Allocution sur l’Ukraine : Emmanuel Macron mène aussi la bataille de l’opinion. Le chef de l’Etat prononce une allocution solennelle à 20 heures ce mercredi soir. Une étape supplémentaire dans sa volonté, depuis plusieurs semaines, de convertir le soutien de l’opinion à la cause ukrainienne en mobilisation durable. Et préparer les Français à faire des efforts, y compris budgétaires. Notre analyse.
L’Ukraine et des responsables américains d’accord pour de nouvelles discussions. Le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il avait discuté avec le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Mike Waltz, des «prochaines étapes vers une paix juste et durable» en Ukraine lors d’un appel mercredi. Andriy Yermak a indiqué sur X qu’il avait également «échangé des points de vue sur les questions de sécurité et l’alignement des positions» avec Waltz, et qu’ils avaient prévu une réunion entre responsables ukrainiens et américains dans un avenir proche «pour poursuivre ce travail important».
Tuberculose : le gel de l’aide américaine met en danger des millions de vie, selon l’OMS. Le gel des versements américains aux programmes de lutte contre la tuberculose met en danger des «millions de vie», a averti l’Organisation mondiale de la santé ce mercredi. «Des coupes budgétaires soudaines menacent aujourd’hui de réduire à néant» les «progrès durement acquis, mettant en grand danger des millions de personnes, en particulier les plus vulnérables», a indiqué l’OMS dans un communiqué.
La Cour suprême confirme l’ordre à l’administration Trump de payer 2 milliards d’aide gelés. La Cour suprême des Etats-Unis a rejeté la demande d’urgence du président Donald Trump visant à lui permettre de geler près de 2 milliards de dollars d’aides allouées à l’agence pour le développement international (USaid). Le verdict est une victoire des ONG qui ont fait appel de la décision de Trump et d’Elon Musk, qui avaient suspendu tous les paiements de l’USaid dès le 20 janvier, jour de l’investiture du président Trump. Les bénéficiaires et d’autres organisations à but non lucratif ont intenté deux procès contestant cette décision, la qualifiant d’exercice inconstitutionnel du pouvoir présidentiel. Le juge Amir Ali, du tribunal fédéral de district de Washington, nommé par Joe Biden, avait accepté leurs arguments et émis une ordonnance restrictive temporaire le 13 février interdisant aux responsables de l’administration de suspendre ou d’interrompre les paiements. Le vote de la cour suprême, qui est définitif, s’est conclu à 5 contre 4, le juge en chef John G. Roberts Jr. et la juge Amy Coney Barrett se joignant aux trois juges démocrates pour former la majorité. Mais cette décision ne porte que sur le règlement de prestations déjà réalisées, et s’en remet pour son exécution à de futures décisions du juge Ali, qui pourront être contestées à leur tour.
Droits de douane : certains secteurs pourraient être épargnés, estime le ministre du Commerce américain. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a assuré mercredi que certains secteurs d’activités pourraient finalement être épargnés par les droits de douane imposés sur les produits canadiens et mexicains, assurant que la décision devrait tomber dans la journée. Les droits de douane sont entrés en vigueur mardi matin, un mois après avoir été annoncé puis mis en pause. Les importations en provenance du Canada et du Mexique sont désormais taxées à hauteur de 25%, et 10% pour les hydrocarbures canadiens. «Il y aura bien 25%» de droits de douane, a confirmé Howard Lutnick, mais «certaines catégories pourraient ne pas être concernées. Cela peut être l’automobile ou d’autres choses».