En résumé :
- A 18 heures, heure de Paris (midi à Washington), Donald Trump a été investi président des Etats-Unis, pour la seconde fois après avoir prêté serment. Le 47e président de la première puissance mondiale succède au démocrate Joe Biden.
- Vainqueur face à Kamala Harris en novembre, le milliardaire républicain a promis d’agir «à une vitesse et avec une force sans précédent» pour mettre fin au «déclin» de l’Amérique.
- Il devient aussi, à 78 ans, le chef d’Etat américain le plus âgé jamais investi, après un premier passage à la Maison Blanche entre 2017 et 2021.
- La cérémonie se déroule habituellement à l’extérieur, mais le protocole a été chamboulé pour cause de vague de froid polaire dans la capitale américaine, Washington. Elle s’est donc passé à l’intérieur du Capitole.
- Dès les heures suivantes, Donald Trump a commencé à signer une série de nombreux décrets, ordonnances et proclamations censés à ses promesses de campagne, de l’amnistie des insurgés du 6 janvier 2021 au (nouvel) abandon par les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat.
C’est la fin de ce live pour ce soir. Donald Trump a retrouvé la Maison Blanche, d’où il s’apprête à enchaîner une nouvelle salve de signatures d’actes exécutifs. Libération en rendra compte dès le petit matin. Merci d’avoir suivi cette journée historique avec nous.
Et Donald Trump est passé de la parole aux actes. Théâtralement attablé à son secrétaire derrière le sceau présidentiel et face à la foule de ses supporters pâmés, Trump a enchaîné les signatures de proclamations et décrets exécutifs, en commençant par la révocation d’un coup de stylo de 78 décisions similaires de la présidence Biden, parmi . S’en est suivie la décision formelle de quitter à nouveau l’accord de Paris pour infléchir le changement climatique, accompagnée de clameurs euphoriques. Un gel des embauches et régulations prononcées par l’administration fédérale jusqu’à la prise de contrôle totale par Trump et ses troupes. L’abrogation des accords de télétravail pour les fonctionnaires fédéraux. Et puis divers de textes, certains de pure forme politicienne, sur la «liberté d’expression» ou «l’instrumentalisation du gouvernement contre ses adversaires politiques». Puis il a pris la direction de la Maison Blanche, où l’attendait une nouvelle pile de décrets dans le Bureau Ovale.
Marco Rubio confirmé à l’unanimité comme secrétaire d’État Le Sénat américain a voté par une spectaculaire unanimité (99-0) la confirmation de Marco Rubio comme secrétaire d’État de Donald Trump, quelques heures après l’investiture présidentielle. Premier haut responsable de la nouvelle administration à être confirmé, l’ancien sénateur républicain de Floride a reçu un soutien aussi des élus démocrates, comme c’est l’usage historique pour des nominations ne présentant pas de défaut exceptionnel – et cet ex-adversaire devenu allié de Trump, tout faucon conservateur à l’ancienne soit-il, apparait sans doute à l’opposition comme l’un des moins préoccupants des choix du nouveau président.
Trump redit «bye bye Paris» (et le climat). Discourant sur scène pendant une petite demi-heure autour de la promesse d’une , dans un exercice de stand up malaisant ayant toujours les familles des otages pour figurants, Trump a repris quelques-uns des grands thèmes, semi-blagues et divagations chers à ses discours de campagne, d’une immigration massive directement prélevée sur les hôpitaux psychiatriques du Venezuela à la longue liste de tares (délirées) qu’il prête aux éoliennes, et de forfanteries sur ses performances électorales en moqueries adressées à ses anciens adversaires Joe Biden et Kamala Harris («la PIRE administration de l’histoire de ce pays»), avant d’égrener quelques uns des nombreux décrets et proclamations qu’il s’apprêterait à signer, de l’amnistie des insurgés du 6 janvier à la (nouvelle) sortie américaine de l’accord de Paris sur le climat, après celle décidée lors de son premier mandat (et le retour effectué sous la présidence Biden).
Sortie de prison imminente pour les Proud Boys ? Enrique Tarrio, l’ex-chef de la milice néofasciste Proud Boys condamné à vingt-deux ans de prison pour sédition lors de l’assaut du Capitole, serait en cours de libération de sa prison fédérale en Louisiane, selon le New York Times. Son avocat, Nayib Hassan, évoque une possible sortie dès ce soir, bien que Donald Trump n’ait fait que promettre (de manière appuyée et répétitive, certes) mais pas encore officiellement accordé de grâce aux condamnés du 6 janvier 2021. D’autres membres des Proud Boys, également condamnés pour sédition, auraient été appelés à signer leurs documents de libération, selon leurs avocats et l’association Condemned USA, qui finance la défense des accusés du 6 janvier.
Les proches d’otages israéliens rejoignent Trump sur scène. Plusieurs familles des otages israéliens enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël sont montées sur la scène de la Capitol One Area à l’invitation de Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump au Moyen-Orient. Le cou ceint d’une longue écharpe jaune, certains portant des portraits de leurs proches, les représentants des familles ont serré la main du nouveau président et de son épouse Melania, chaleureusement applaudis par la salle, qui s’est mis à scander : «Bring them all home» («Ramenez-les tous à la maison«). Puis Donald Trump a pris la parole, assurant que les otages toujours à Gaza vont «bientôt rentrer». Avant de dresser un parallèle curieux avec les insurgés du Capitole du 6 janvier 2021, qu’il a pris l’habitude de désigner comme des «otages», et à qui il a promis d’accorder, dès ce lundi soir, entre autres, «beaucoup beaucoup beaucoup de grâces».
Trump assiste à sa parade avec ses fans. Après avoir quitté le Capitole, Donald Trump a rejoint ses milliers de partisans massés comme la veille déjà dans la Capital One Arena de Washington, il fut accueilli sous les clameurs des «Fight, fight, fight !» en écho à son cri spontané après la tentative d’assissinnat dont il a réchappé de peu l’été dernier, en Pennsylvanie. S’en est suivie l’impressionnante parade des marching bands successifs traditionnellement tenue en extérieur, mais rapatriée entre quatre murs comme le reste du cérémonial de l’investiture, et conclu par le show le plus impressionnant, celui des musiciens et danseurs de l’université Mississippi Valley State University. Trump, son vice-président JD Vance, son épouse Melania et certains de ses proches et alliés politiques ont apprécié depuis la tribune édifiée sur scène, où a été installé aussi un secrétaire et un fauteuil suggérant la probable intention d’y effectuer la signature de décrets et proclamations présidentiels sur place, devant ses fidèles, plutôt que d’attendre d’avoir regagné le Bureau Ovale.
La nouvelle ère Trump démarre au Sénat. La chambre haute du Congrès américain, repassée depuis début janvier sous contrôle républicain, a acté la mise en branle de sa relation avec l’administration Trump. Le leader de la désormais minorité démocrate, Chuck Schumer, a prononcé lundi en fin d’après-midi un discours aux tonalités conciliatrices, où il a félicité le nouveau président tout en rappelant les événements du 6 janvier 2021, souhaitant que l’investiture d’aujourd’hui montre au monde que «le chaos d’il y a quatre ans était une malheureuse aberration».Récemment propulsé à la tête de la majorité républicaine, le sénateur John Thune a annoncé la confirmation rapide des nominations au Cabinet, à commencer par Marco Rubio comme secrétaire d’État et John Ratcliffe à la tête de la CIA. Le vote pour Rubio pourrait intervenir dès lundi soir. Une réunion est prévue mardi à la Maison Blanche entre Trump et les leaders républicains du Congrès pour coordonner la mise en place de la nouvelle administration. Cette confirmation accélérée des nominations illustre la volonté des deux partis d’assurer une transition opérationnelle après la présidence Biden, malgré leurs profondes divergences. Thune a précisé que la priorité du Sénat dans les prochaines semaines sera de «donner à Trump l’équipe dont il a besoin».
Dans les couloirs du Pentagone, Trump règle déjà ses comptes. Symptôme d’une réécriture déjà en marche des normes et de l’histoire au gré des caprices de la nouvelle administration, dans les couloirs du Pentagone, un tableau vient de disparaître de la galerie représentant tous les ex-chef d’état-major des armées de l’histoire américaine. Comme un symbole de la fracture entre deux Amériques, le portrait peint du général Mark Milley, ex-chef d’état-major des armées de 2019 à 2023, a été décroché à peine deux heures après l’investiture de Donald Trump. Ce geste sans précédent pour une fonction réputée apolitique traduit la détermination du nouveau président à régler ses comptes avec celui qu’il avait pu qualifier de «catastrophe woke» ou taxer de trahison pour ses contacts avec son homologue chinois dans les dernières semaines du premier mandat Trump – mais il faut aussi dire que Milley avait depuis qualifié Trump de «fasciste jusqu’à la moelle» et de «personne la plus dangereuse pour ce pays». Une animosité si lourde que Joe Biden, juste avant son départ, a jugé nécessaire d’accorder une grâce préventive au général.
A Washington, les grâces du 6 janvier attendues de pied ferme. Une foule de partisans de Donald Trump s’est rassemblée devant le principal centre de détention de Washington DC, dans l’attente d’une grâce présidentielle promises par le nouveau président à tous ou partie des émeutiers qui soulevés contre le Capitole le 6 janvier 2021. Les militants espèrent que certains prisonniers pourront être libérés dès ce soir, même s’il parait peu probable que les dossiers puissent être traités aussi rapidement, surtout un jour férié. Selon CNN, un réseau associatif est cependant déjà mobilisé pour accueillir et héberger ces détenus dans l’hypothèse d’une vague d’amnisties à effet immédiat.
Un salut nazi d’Elon Musk. Lors d’un discours sur la scène de la Capitol One Arena de Washington à l’issue de la cérémonie d’investiture de Donald Trump, le désormais très proche du président élu a manifestement fait deux saluts nazis, quelques secondes après son arrivée derrière le pupitre. «C’est ça le goût de la victoire», a hurlé dans le micro le propriétaire de X, ragaillardi par l’arrivée à la Maison Blanche de Trump. Tout en remerciant les supporters de la nouvelle administration, Elon Musk a effectué un premier salut qu’on peut aisément qualifier de nazi. Il a été capturé et publié par un utilisateur de X. Après vérification sur le contenu live de la chaîne Youtube LiveNOW de FOX, ce premier salut n’apparaît pas dans le contenu diffusé en direct, à la faveur d’un changement de plan caméra. Cependant, un second salut est visible sur le live quelques instants plus tard – Elon Musk se retournant pour réitérer son geste.
Elon Musk just sieg heiled on stage. What the actual fuck? pic.twitter.com/j5C5XgBEuA
— Right Wing Cope (@RightWingCope) January 20, 2025
Face à un Donald Trump menaçant, l’Union européenne «prête à défendre ses intérêts». L’Union européenne est «prête à défendre ses intérêts économiques» si nécessaire, a assuré ce lundi à Bruxelles le commissaire européen à l’Economie, Valdis Dombrovskis, interrogé sur l’offensive de Donald Trump sur les droits de douane. Juste après avoir prêté serment au Capitole, à Washington, le tout nouveau président américain a promis d’imposer des «droits de douane et des taxes aux pays étrangers» sans détailler d’éventuelles mesures. Un potentiel conflit commercial aurait un «coût économique substantiel pour tout le monde, y compris pour les États-Unis», a ajouté le commissaire européen. Face aux menaces brandies par Donald Trump, l’Union européenne doit aussi «travailler sur la résilience de son économie», a-t-il plaidé, en «diversifiant» ses accords commerciaux dans le monde. Juste avant l’investiture de Donald Trump, l’Union européenne avait annoncé vendredi le renforcement de son partenariat commercial avec le Mexique. La Commission européenne a également indiqué reprendre des négociations en vue d’un accord de libre-échange avec la Malaisie.
À la Une de Libé demain. Investiture de Trump : peine Capitole. Dans un discours annonciateur d’une violence extrême, le président américain a promis un nouvel «âge d’or» à une nation selon lui en déclin. Le cauchemar recommence.
🇺🇸 Investiture de #Trump : peine Capitole. C'est la une de @Libe ce mardi.
— Libération (@libe) January 20, 2025
Dans un discours annonciateur d’une violence extrême, le président américain a promis un nouvel «âge d’or» à une nation selon lui en déclin. Le cauchemar recommence. pic.twitter.com/HeNLZ2xnwl
Ego quand tu nous tiens… Parmi les premiers décrets présidentiels et proclamations déjà signés au Capitole par Donald Trump, à peine investi président, figure une injonction sur les drapeaux qui devront donc, dès ce jour, être hissés jusqu’en haut des hampes et y rester. Joe Biden avait ordonné que les drapeaux soient en berne sur tous les bâtiments officiels pendant un mois après la mort de l’ancien président Jimmy Carter, décédé le 29 décembre dernier. Le Speaker républicain de la Chambre Mike Johnson avait demandé que les drapeaux soient hissés pour la journée de l’investiture, ce 20 janvier, avant d’être remis en berne. Le nouveau président en a décidé autrement. Par Sonia Delesalle-Stolper.
Les premiers décrets signés par Donald Trump sont des nominations. Le candidat Trump avait annoncé un déluge de décrets dès le premier jour de sa présidence. Les premières gouttes ont commencé à tomber à 14 h 15, heure de Washington. Avant le déjeuner de gala, le nouveau président s’est rendu dans un bureau du Capitole pour parapher au feutre cinq premiers documents (qui ne sont pas a proprement parler des « executive orders »). Les quatre premiers sont des nominations : celle des 22 membres de cabinet présidentiel, celle de 47 membres des sous-cabinets, 31 nominations intérimaires, ainsi que de 15 présidents de commissions. Le cinquième est une proclamation (qui diffère, techniquement, d’un décret), qui énonce que lors d’une investiture présidentielle (celle-ci y compris), les drapeaux doivent flotter au vent, et non être en berne. Par Florian Gouthière.
La porte de l’ONU «reste ouverte» concernant l’accord de Paris sur le climat. Après l’annonce par l’administration de Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat - pour la deuxième fois, le chef de l’ONU Climat Simon Stiell a soutenu que «la porte reste ouverte». Les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial derrière la Chine et premier pollueur historique, avaient déjà quitté brièvement l’accord sous le premier mandat du républicain, avant que le démocrate Joe Biden n’acte leur retour. En proclamant un état d’«urgence énergétique» pour doper la production d’hydrocarbures, Donald Trump a amorcé ce lundi une marche arrière toute en termes de politique climatique, mettant en péril les efforts mondiaux pour freiner le réchauffement.
Le président du Panama répond à Trump. Après la cérémonie d’investiture, où Donald Trump a promis de «reprendre» le contrôle du canal du Panama, le président panaméen José Raul Mulino a répondu : «Le canal appartient et continuera d’appartenir au Panama». «Je me dois de rejeter intégralement les propos tenus par le président Donald Trump», a déclaré M. Mulino dans un communiqué publié sur son compte X. Selon lui, l’administration du canal «restera sous contrôle panaméen dans le respect de sa neutralité permanente» et sans «la présence d’aucune nation dans le monde pour interférer». Le canal a été transféré au Panama en 1999, selon l’accord passé en 1977 par le président américain d’alors, Jimmy Carter.
Aux Etats-Unis, vraie et fausse liberté de la presse, par Serge July. A la vérification de l’information, le camp trumpiste oppose une conception de la liberté d’expression qui laisse le champ large aux fake news. Et avec les patrons de X et de Meta, Elon Musk et Mark Zuckerberg, à sa botte, la situation ne risque pas de s’améliorer.
Billet
Melania moquée par le Daily Show. L’émission humoristique ne s’est pas privée de mettre en exergue l’énorme couvre-chef arboré par la première dame américaine à l’occasion de la prestation de serment de Trump. S’il est signé du créateur d’Eric Javits, le Daily Show ironise à plusieurs occurrences sur son compte X. «Personne ne surpasse The Hut en matière de pizzas», est-il par exemple écrit dans un post affichant une photo de Melania Trump, comparée au logo de la chaîne Pizza Hut - qui lui aussi dispose d’un volumineux haut-de-forme. Plus tôt dans la journée, Trump n’était pas parvenu à embrasser sa femme à cause du bord étendu de son galurin. Si vous voulez adopter le look investiture de la première dame, sachez qu’elle est habillée en Adam Lippes. Selon le Washington Post, ses «vêtements discrets et méticuleux sont portés par des personnalités mondaines telles que Deeda Blair et la princesse britannique Eugénie». Trump, lui, n’a pas l’air très fan des choix vestimentaires de sa femme : «Avec le chapeau qu’elle porte, elle a failli s’envoler.» «Ses pieds lui font très mal», a-t-il ajouté devant des supporters, en parlant de ses escarpins Manolo Blahnik.
No one out-pizzas the Hut pic.twitter.com/S5YyIpkYH7
— The Daily Show (@TheDailyShow) January 20, 2025
CBP One à l’arrêt. Comme l’ont rapidement noté plusieurs médias étasuniens, l’application CBP One – qui permet aux personnes souhaitant immigrer aux Etats-Unis de prendre rendez-vous pour entrer dans un point d’entrée – est désormais hors service. Sur le site dédié, on peut y lire : «À compter du 20 janvier 2025, les fonctionnalités de CBP One™, qui permettaient auparavant aux étrangers sans papiers de soumettre des informations préalables et de prendre rendez-vous à huit points d’entrée de la frontière sud-ouest, ne sont plus disponibles. Les rendez-vous existants ont été annulés.»