C’est un véritable pan de montagne qui semble s’être détaché. Les images qui nous parviennent d’Equateur montrent un demi-cratère de terre humide qui tranche avec le vert vif de la campagne andine. Et la ville, quelques dizaines de mètres en dessous, submergée par une boue dense qui semble avoir coulé dans les rues avec une telle force qu’elle a emportée des maisons et fait trembler des immeubles.
Nouvelle tragédie en #Ecuador #Alausi
— Philippe Sallenave (@phsallenave) March 27, 2023
Glissement de terrain au bilan humain très lourd avec 7 morts et 46 disparus@CoopSecuDefense se tient au côté de @Riesgos_Ec #SiempreconEcuador
📸 Eswin Salazar pic.twitter.com/LLcBC5jNif
Au moins sept personnes sont mortes à Alausi, ville de 45 000 habitants dans la province de Chimborazo, à 300 km au sud de Quito, dans ce glissement de terrain provoqué par les pluies torrentielles qui ont assommé la ville dans la nuit de dimanche à lundi. Un drame de plus dans cette région andine déjà frappée la semaine dernière par un tremblement de terre qui a fait 15 morts, dont un au Pérou dont la frontière n’est pas très loin.
«Cinq membres de ma famille sont enterrés ici», explique à l’AFP Manuel Upai, un agriculteur et maçon de 40 ans, qui continuait lundi de chercher ses beaux-parents. Un peu plus de vingt-quatre heures après le drame, tous les secours se concentrent sur les 62 personnes encore disparues qu’elles espèrent retrouver en vie sous les décombres. Des dizaines de bras creusent directement dans la boue, évacuent les débris, sur fond de gyrophares d’ambulances et de sirènes hurlantes. «Nous continuerons de mener des opérations de sauvetage», a assuré le président équatorien Guillermo Lasso lundi soir en arrivant sur place. Dans la zone sinistrée, quelque 600 maisons épargnées par la coulée ont été évacuées sur ordre des autorités.
Avertissements
Le «bruit fatal» du pan de la montagne qui s’est détaché résonne encore dans l’esprit de Maria Villa, 46 ans, qui s’est échappée de sa maison par une fenêtre avec son mari et sa fille. «J’étais en train de préparer à manger […] et j’ai entendu un bruit», raconte-t-elle à l’AFP, apeurée. Son mari a aussitôt crié : «La colline est en train de s’écrouler.» Les autorités lui avaient pourtant recommandé de quitter la zone en février lorsque celle-ci a été classée en «alerte jaune» face aux risques de glissements de terrain après de fortes intempéries. «La vérité c’est que cela fait de la peine de laisser nos affaires derrière nous. Je sais que la vie a plus de valeur, mais c’est une douleur si forte», dit Maria.
Les autorités avaient également mis en garde contre un possible effondrement de la route E35 dans le secteur de Casual, où une partie de la montagne s’est détachée. Selon le Secrétariat national à la gestion des risques, près de 500 personnes ont été affectées par la coulée. Le bureau du gouverneur de Chimborazo a indiqué qu’il préparait des centres de collecte de nourriture pour aider les personnes touchées. Les forces armées participent aux opérations de secours et à l’acheminement de matériel pour construire des abris temporaires.
«Train le plus difficile du monde»
De son côté, la Croix-Rouge locale a fourni des «soins pré-hospitaliers» aux victimes. Des habitants des villages voisins sont également arrivés dès les premières heures de la matinée pour participer aux opérations de sauvetage.
La ville d’Alausi est connue pour le «nez du diable», une pente abrupte par laquelle passe la ligne ferroviaire transandine de l’Equateur, un tronçon surnommé le «train le plus difficile du monde» en raison de sa dangerosité.
Depuis janvier, les fortes pluies ont déjà fait 22 morts dans le pays. Plus de 6 900 maisons ont été endommagées et 72 ont été détruites, selon les autorités. 987 incidents ont été causés par les intempéries, tels que des inondations et des glissements de terrain. En février, les pluies ont entraîné une suspension de cinq jours du pompage du pétrole brut car un oléoduc menaçait de se rompre après l’effondrement d’un pont.