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Libération
Récit

En Equateur, l’esclavage moderne sous bannière japonaise

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Les conditions de travail inhumaines imposées à des centaines de travailleurs agricoles, dont des enfants, par la multinationale Furukawa ont été révélées en 2019. Mais les procédures judiciaires de réparations et de sanctions traînent.
Manifestation d'anciens travailleurs de la firme japonaise Furukawa à Quito, en décembre 2021. (Rodrigo Buendia /AFP)
publié le 10 avril 2023 à 9h00

Quand le bureau équatorien du Défenseur du peuple (l’équivalent du Défenseur des droits en France) a publié en janvier 2019 le premier rapport sur les conditions de travail dans les plantations de la firme japonaise Furukawa, il a employé l’expression «servitude de la glèbe». Un terme désuet qui renvoie à la France de l’Ancien Régime, à la Russie tsariste, mais qui recouvre une réalité bien contemporaine : en Equateur comme dans d’autres parties du monde persistent des formes d’exploitation où des femmes, des hommes et des enfants sont sous la coupe d’un employeur tout-puissant qui leur refuse les droits élémentaires à la santé, à l’éducation ou à la mobilité. Dans certains cas, il leur est même interdit de dépenser leur maigre salaire ailleurs que dans les commerces appartenant à ce même employeur.

Maintenus dans l’analphabétisme

Fin février, le feu vert judiciaire a été donné à l’ouverture d’un procès pénal contre la firme japonaise, poursuivie pour «participation au délit de traite d’être humains à fins d’exploitation par le travail». Une décision que les ONG qui ont porté l’affaire attendaient depuis 2018. En 2021, elles avaient remporté une première victoire : une procédure au civil avait abouti à la condamnation de Furukawa à indemniser par l’octroi de terres 123 victimes, des paysans maintenus dans l’analphabétisme. A travers le ministère du Travail, l’Etat était lui aussi condamné pour avoir manqué pendant des décennies à ses devoirs de protection et de prévention.

Depuis 1963, Furukawa