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Reportage

En Equateur, une garde amazonienne contre l’exploitation de son territoire

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La biodiversitédossier
Depuis 2017, une trentaine de membres de la communauté autochtone du nord-est du pays, se sont organisés pour surveiller leur territoire et documenter à l’aide de technologie l’orpaillage informel, le braconnage et la pêche illégale.
Des gardes indigènes cofans avec un drone pour surveiller la rivière Aguarico et signaler l'entrée de chasseurs et de compagnies minières et pétrolières sur leurs terres à Sinangoe, en Equateur en septembre 2022. (Rodrigo Buendia/AFP)
par Juliette Chaignon, envoyée spéciale en Equateur et Guillaume Gosalbes, envoyé spécial en Equateur
publié le 9 décembre 2023 à 8h26

La barque et son moteur pétaradant fendent l’eau trouble de la rivière Aguarico. Six hommes et une femme, vêtus de gilets à poche noire et de tee-shirts kaki s’apprêtent à débarquer sur la rive caillouteuse. Les membres de la garde de Sinangoe, un village autochtone cofan de 250 habitants au nord-est de l’Equateur, au cœur de la forêt amazonienne, effectuent ce jour-là un exercice. Tous portent en bandoulière une arme en bois de chonta taillée en pointe à son extrémité. Dans cette zone du parc national Cayambe-Coca, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Colombie, les arbres et les plantes s’étalent à perte de vue. Le territoire ancestral des Cofans s’étend sur 630 kilomètres carrés, sillonnés depuis 2017 par les gardes du village.

«Nous protégeons notre territoire pour qu’il ne soit pas détruit, que la forêt reste intacte et que les orpailleurs n’y entrent pas. Tous les animaux que nous avons ici, les plantes médicinales, comme l’ayahuasca, les poissons, il faut les conserver pour les générations futures et laisser cette terre, notre maison, comme elle est», explique Ana Lucitante, 22 ans, l’une des sept femmes membres de la garde. La patrouille s’aventure au moins une fois par mois jusqu’aux limites de son territoire, à des heures de barque et de marche du village. Des expéditions qui peuvent durer jusqu’à cinq jours.

Nouvelles technologies

Arrivée près d’une cabane en bois qui sert de camp de base aux gardes, Ana Lucitante déplie les hélices d’un drone. Formée au pilotag