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Libération
Reportage

En Haïti, une crise sans fin et la menace de la faim

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Selon la Coordination nationale chargée de la sécurité alimentaire en Haïti, près de 5 millions de personnes, soit presque la moitié de la population, sont en insécurité alimentaire. Si rien n’est fait, le pays, dont la capitale, Port-au-Prince, est assiégée par les gangs, se dirige vers une hécatombe.
Dans les rues de Port-au-Prince après une attaque de gang, le 20 mars. (Ralph Tedy Erol/Reuters)
par Molière Adely, correspondant à Port-au-Prince
publié le 16 avril 2024 à 19h26

Depuis plusieurs années, Haïti fait face à une crise multidimensionnelle. Même avant l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, des groupes armés avaient déjà pris le contrôle de plusieurs zones dans le pays, affectant son économie. Mais depuis février, des bandes criminelles ont fait main basse sur tout le centre-ville de Port-au-Prince, aggravant encore davantage la crise économique. Marie vend des légumes au marché public de Poste Marchand. Malgré l’insécurité, elle se rend dans le centre-ville, chaque matin, pour acheter des marchandises en gros qu’elle revend ensuite au détail. «Les produits sont très chers maintenant. De plus, le coût du transport a augmenté. Je dois payer trois fois plus que d’habitude un motard pour le trajet», explique Marie, qui doit prendre soin de sa famille toute seule.

Tous les secteurs d’activité du pays sont frappés par la crise. Reginald est conducteur de moto-taxi, activité qui n’est plus rentable ses derniers temps, alors qu’il doit nourrir femme et enfant. «Les gens ne prennent presque pas de moto-taxi. Beaucoup ne peuv