Et si la crise des œufs venait à bout d’une des multiples sources de tensions qui traversent le globe ? En pleine épidémie de grippe aviaire, les Etats-Unis, qui continuent d’abattre des millions de poules pondeuses, ont fait un appel à l’international pour reconstituer leurs stocks. Selon Reuters et le Business Insider, l’administration Trump s’est même adressée… au Danemark, avec qui les relations se sont franchement dégradées depuis que le républicain a commencé à faire des avances au Groenland.

Avec un prix de la douzaine d’œufs qui a sextuplé en quatre ans, avec une dernière hausse d’un dollar entre décembre et janvier derniers, à 5,90 dollars la douzaine, les Etats-Unis traversent leur pire période en matière de production d’œufs depuis que la grippe aviaire s’est déclarée, en 2022. Au mois de février, près de 117 millions de poules avaient été retirées des cheptels. De quoi inciter le département de l’agriculture américain à poser la question à l’Association danoise des œufs : «Combien d’œufs pourriez-vous fournir aux Etats-Unis ?»

Le patron du lobby du secteur avicole du royaume Jørgen Nyberg Larsen a reçu la demande le 28 février, dans un mail où figurait une série de questions fermées sur les capacités danoises à venir en aide aux puissants Etats-Unis, aussi bien pour la consommation des ménages que pour l’industrie. «J’ai répondu que nous étions disposés à aider nos amis américains, puis j’ai posé quelques questions spécifiques sur les conditions» a déclaré le responsable, qui a toutefois rappelé qu’il n’y avait «pas d’excédent d’œufs en Europe».

Le signe que, malgré les tensions diplomatiques et les déclarations tempétueuses de part et d’autre – le vice-président JD Vance avait jugé en février que le Danemark n’était «pas un bon allié» –, les deux pays maintiennent encore un lien économique.

Le royaume n’est d’ailleurs pas le seul à avoir été sollicité par les Etats-Unis pour aider le pays à résoudre sa crise avicole. La Suède a été sollicitée, à travers l’industriel Kronägg, mais ce dernier a souligné dans la presse suédoise les difficultés de l’exportation vers les Etats-Unis en termes logistiques, sans compter que la pénurie d’œufs s’étend aussi en Europe. Si bien que la demande américaine pourrait rester lettre morte, comme elle l’a été en Norvège et comme elle pourrait l’être dans le reste du continent, engagé dans une guerre commerciale avec Washington. On ignore d’ailleurs si le mail du département de l’agriculture mentionnait une éventuelle exonération des droits de douane sur les œufs.