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Débusqué

Equateur : fin de cavale pour «Fito», l’un des plus dangereux narcotrafiquants du pays

Un an et demi après son évasion, Adolfo Macias, chef des Choneros qui règne sur le trafic de cocaïne, a été rattrapé par les forces de l’ordre mercredi 25 juin, a annoncé le président Noboa, en guerre ouverte contre les gangs.
Le trafiquant de drogue Adolfo Macias, alias «Fito», est accompagné par le ministre équatorien de l'Intérieur John Reimberg et du personnel militaire à son arrivée à la base aérienne de Guayaquil, en Équateur, le 25 juin 2025. (Marcos Pin /AFP)
publié le 26 juin 2025 à 17h36

Retour à la case prison pour «Fito». Après un an et demi de cavale depuis son évasion, l’un des plus dangereux criminels d’Equateur, recherché dans son pays et également réclamé par les Etats-Unis, a été arrêté mercredi 25 juin, a annoncé le président du pays, Daniel Noboa, en guerre ouverte contre les groupes mafieux.

Pour parfaire le tableau de Fito, son nom a également été associé à l’assassinat en août 2023 d’un candidat à l’élection présidentielle équatorienne, Fernando Villavicencio, qui avait fait état de menaces de mort de sa part.

De son vrai nom Adolfo Macias, Fito, 45 ans, est le chef des Choneros, l’un des principaux gangs du pays qui règne notamment sur le trafic de cocaïne. C’est dans sa ville natale de Manta, à 350 km au sud-ouest de Quito, que l’homme de 45 ans a été cueilli par l’armée. Il «est aux mains des forces de sécurité», un groupe spécial des forces militaires destiné à combattre le trafic de drogue, a écrit sur X Daniel Noboa.

Caché dans un bunker

Le ministre de l’Intérieur, John Reimberg, a raconté dans une vidéo «une opération de dix heures» menée «avec précision», au terme de laquelle Fito a été interpellé «sans perte humaine».

Lors d’une conférence de presse, le ministre a ensuite expliqué que les agents en uniforme avaient trouvé Fito caché dans un bunker, accessible en soulevant une dalle au sol d’une résidence luxueuse. Il a ensuite été transféré vers la base aérienne de Manta puis emmené dans la prison de haute sécurité de La Roca, à Guayaquil (sud-ouest). Le narcotrafiquant est arrivé dans un petit avion duquel il est descendu encadré par des policiers et des militaires.

Le gouvernement, qui prône la fermeté contre la criminalité, a promis d’arrêter davantage de mafieux. «Nous sommes à leurs trousses, rien ni personne ne va nous arrêter», a averti John Reimberg. Sur des photos publiées par les forces de l’ordre, on voit les ministres de l’Intérieur et de la Défense en train de poser au côté du narcotrafiquant en short, barbu et les cheveux courts comme s’il s’agissait d’un trophée de chasse.

Le gouvernement équatorien avait d’ailleurs offert une récompense d’un million de dollars pour toute information permettant sa capture. Le caïd s’était évadé en janvier 2024 du pénitencier de Guayaquil à la veille d’un transfert dans une autre prison à la sécurité maximale. Il purgeait depuis 2011 une peine de trente-quatre ans de réclusion pour crime organisé, trafic de drogue et meurtre. Il régnait sur le centre de détention en maître, comme pouvaient notamment en attester des peintures murales à sa gloire.

«D’autres» criminels «tomberont»

Son évasion avait déclenché une vague de violences sans précédent qui ont fait des dizaines de morts en Equateur. Elle avait échauffé les esprits dans plusieurs prisons, avec des mutineries à la clé, et des gangs avaient déclenché des combats de rue. Daniel Noboa avait alors déclaré le pays en «conflit armé interne» et déployé l’armée pour tenter de neutraliser la vingtaine de groupes criminels impliqués.

Mercredi, le Président a également assuré que «d’autres» criminels «tomberont». Et d’assener : «Nous allons reprendre le pays. Il n’y aura pas de trêve.» Noboa a également annoncé avoir entamé des procédures pour permettre «l’extradition de Fito vers les Etats-Unis», où le bureau du procureur de New York l’accuse de trafic d’armes et de cocaïne.

Après l’arrestation du narcotrafiquant, l’ambassade des Etats-Unis à Quito a d’ailleurs adressé un message de félicitations au pouvoir équatorien sur X, affirmant que Washington «soutient l’Equateur dans ses efforts pour lutter contre la criminalité transnationale, en faveur de la sécurité de la région».

Le pays andin est le théâtre d’une guerre sanglante entre des bandes criminelles impliquées dans le trafic de drogue, les enlèvements et les extorsions. Rien qu’entre janvier et mai cette année, près de 4 000 personnes ont été tuées. Les mafias s’affrontent notamment pour le contrôle des territoires destinés à l’acheminement de la drogue, dont les principales destinations sont les Etats-Unis et l’Europe. Si la prise est belle, le gouvernement équatorien ne peut pas totalement se réjouir de l’arrestation de Fito. Quelques jours auparavant seulement, un autre chef criminel, un dénommé «Fede» à la tête du groupe Las Aguilas, a lui aussi réussi à s’évader.