C’est une opération de masse. Les Etats-Unis ont arrêté 538 migrants clandestins et en ont expulsé des centaines, à peine quelques jours après le début de la présidence Donald Trump, a annoncé le service de presse de la Maison Blanche ce vendredi 24 janvier. Ce sont des «migrants criminels illégaux», a écrit jeudi soir la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt dans un message sur X. Parmi eux, «un terroriste présumé, quatre membres du gang Tren de Aragua [qui est actif en Amérique du Sud, ndlr] et plusieurs clandestins reconnus coupables de crimes sexuels sur mineurs», a ajouté la porte-parole en précisant que d’autres «centaines» avaient été expulsées dans des avions de l’armée. Karoline Leavitt a conclut son post en disant «promesses tenues» et en qualifiant l’opération comme «la plus importante de l’Histoire».
Quelque temps avant cette annonce de la Maison Blanche, le maire de Newark, dans le New Jersey, Ras Baraka, avait déclaré jeudi dans un communiqué que des «agents [des services de l’immigration] avaient fait une descente dans un établissement local [...], arrêté des résidents et également des citoyens, sans montrer de mandat ».
A lire aussi
Pendant toute sa campagne, Trump a fait de la répression de l’immigration illégale sa priorité, pour lutter contre ce qu’il qualifie d’«invasion des frontières». Et depuis son investiture, les annonces tonitruantes sont suivies d’effet. Le milliardaire républicain a entamé son second mandat lundi avec une série de décrets destinée à enrayer l’afflux de migrants clandestins aux Etats-Unis. Mercredi, la Chambre des représentants votait pour adopter le «Laken Riley Act», une loi qui permettrait l’arrestation et le placement systématique en détention d’immigrés en situation irrégulière accusés de délits mineurs. Cette loi devrait être rapidement promulguée et sera – tout un symbole – la première de son deuxième mandat signée par Donald Trump.
Sur la chaîne Fox News, le nouveau président a aussi donné une première interview télévisée mercredi soir et martelait, une nouvelle fois, que des «terroristes par milliers» ont envahi les Etats-Unis, en raison de la politique aux frontières trop laxiste de l’administration de son prédécesseur Joe Biden.
Le Mexique dans le viseur
Avant son arrivée au pouvoir, le 47e président des Etats Unis s’était aussi engagé à fermer la frontière sud et à lancer «des millions d’expulsions» d’immigrés sans papiers, à reprendre et étendre la construction du mur frontalier avec le Mexique, et à rétablir le programme «Remain in Mexico», qui oblige les demandeurs d’asile à rester en dehors des Etats-Unis le temps que leur dossier soit traité. Les hostilités semblent lancées. Il a ainsi déclaré «un état d’urgence nationale» à la frontière sud, avec le Mexique, et annoncé le déploiement de troupes tout en promettant l’expulsion des «étrangers criminels».
Face à ces menaces, le Mexique se prépare. Une dizaine de refuges sont en construction dans le nord du pays, à la frontière avec les Etats-Unis, pour anticiper l’expulsion de Mexicains. Deux centres d’accueil devaient être terminés jeudi soir et «les autres seront complètement prêts d’ici la fin de la semaine», a déclaré la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. D’autres centres sont en cours de construction dans les autres Etats frontaliers – Basse Californie, Sonora, Chihuahua, Coahuila et Nouveau Léon – dans le cadre du programme «Mexico te abraza» («Le Mexique te reçoit les bras ouverts») annoncé par la présidente Sheinbaum. «On s’attend à recevoir de 200 à 250 personnes par jour», d’après le maire de Matamoros (ville au nord est du pays, proche de la frontière avec les Etats-Unis), Alberto Granados. Les installations pourraient recevoir entre 2 500 et 3 000 personnes, a indiqué la mairie.
Selon les estimations, six millions de Mexicains vivent sans papiers aux Etats-Unis, en plus des douze millions légalement installés (selon les chiffres de la banque BBVA), des bi-nationaux et des Américains d’origine mexicaine. Pour les étrangers non-Mexicains, une «assistance humanitaire» et des rapatriements sont envisagés.