Quand on est dans le brouillard, mieux vaut réduire sa vitesse. Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, aurait dû réjouir Wall Street, toujours en quête de croissance, en annonçant, pour la deuxième fois depuis septembre, une nouvelle coupe d’un quart de point des taux d’intérêt. Mais il a eu le malheur d’ajouter, sur un ton grognon, qu’une «réduction supplémentaire en décembre n’est pas certaine. Loin de là».
La petite phrase a suffi à perturber cette journée du 29 octobre, ravivant, durant plusieurs heures de soubresauts boursiers, la peur atavique du lendemain des investisseurs et leur aversion pour l’incertitude des politiques économiques. Powell, en soufflant le chaud et le froid en l’espace de quelques minutes, rappelait simplement que le dilemme entre la défense de l’emploi et la lutte contre l’inflation, qui empoisonne ses relations avec Donald Trump, n’est toujours pas résolu.
La «job machine» américaine au ralenti
Quoi que laisse croire la toute-puissance de l’intelligence artificielle et des valeurs tech sur les marchés financiers, le jour même de l’annonce des résultats en hausse des colosses Microsoft, Meta et Google, la Fed affiche surtout des préoccupations prosaïques. La baisse des taux répond certes au ralentissement de la «job machine» américaine, marquée moins par une hausse visible du chômage que par l’attentisme angoissé des entreprises depuis le début de la frénésie de droits de douane de Donald Trump. Une situation résumée par un nouveau slogan à rime, le «no hire», le