Des dominos. Après le Colorado, c’est au tour du Maine de disqualifier Donald Trump pour la primaire républicaine en vue de la présidentielle américaine de l’automne 2024. La secrétaire démocrate de l’Etat du Maine, Shenna Bellows, chargée de l’organisation des élections, a officiellement annoncé jeudi 28 décembre que Donald Trump n’était «pas apte à la fonction de président» au titre du 14e amendement de la Constitution, qui exclut de toute responsabilité publique les personnes s’étant livrées à des actes d’«insurrection». Dans la foulée, l’équipe de campagne de l’ex-président américain (2016-2020), grand favori des primaires républicaines, a affirmé qu’il allait contester la décision devant la justice.
Le milliardaire avait déjà été déclaré, pour la première fois, inéligible pour «insurrection» le 20 décembre par la cour suprême du Colorado. Mais, dans l’autre sens, la Cour suprême du Michigan, après le Minnesota, a autorisé à Donald Trump à participer à la primaire républicaine, laissant à la Cour Suprême des Etats-Unis la prérogative de trancher la question, l’ex-président entendant faire appel à elle – bien qu’elle refuse pour le moment de statuer sur son immunité.
Analyse
«Je n’arrive pas à cette conclusion à la légère», écrit l’officielle du Maine, le document officialisant la décision. Elle estime que l’assaut du Capitole, siège du Congrès américain, le 6 janvier 2021, a été commis «sur ordre, en toute connaissance et avec le soutien du président sortant». Elle a néanmoins précisé que la décision devrait être «suspendue» en cas de contestation judiciaire…
Ce qui devrait bien être le cas. Le porte-parole de Donald Trump a en effet déjà annoncé la volonté de l’homme d’affaires de contester en justice la décision. Cette dernière pourrait faire l’objet d’un recours final devant la Cour suprême des Etats-Unis. Donald Trump a rapidement condamné une décision prise selon lui par «une gauchiste radicale» et «ardente partisane» de Joe Biden, l’actuel président et prochain candidat démocrate, sauf surprise, à l’élection de 2024. «Nous assistons en direct à une tentative de vol d’une élection et à la privation du droit de vote de l’électeur américain», a-t-il encore dénoncé via son équipe de campagne.
Le Maine, Etat démocrate qui se républicanise
Contrairement au Colorado, où les neuf grands électeurs de l’Etat (chargés d’élire le président et le vice-président américain) avaient tous penché du côté démocrate en 2016 et en 2020, le Maine avait vu l’un de ses grands électeurs être remporté par Donald Trump en 2020. La décision de Shenna Bellows, si elle est effectivement appliquée, serait donc porteuse de lourdes conséquences en cas de présidentielle serrée. Cependant, tant que la Cour suprême ne se sera pas prononcée, les bulletins devront encore inclure le nom de l’ex-président Trump, dans le Colorado comme dans le Maine.
Si plusieurs procédures ont été lancées dans divers Etats du pays pour barrer la route à Trump, les décisions du Maine et du Colorado ne portent actuellement que sur les primaires républicaines tenues dans les deux Etats, prévues le 5 mars parmi une quinzaine d’Etats, lors du «Super Tuesday». Mais la décision a échaudé les supporters trumpistes, comme la sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins, qui a appelé à «annuler» cette décision sur X (ex-Twitter), déclarant que «les électeurs du Maine devraient pouvoir décider de qui gagne l’élection, pas la secrétaire d’Etat». Plusieurs autres élus républicains ont condamné cette nouvelle décision d’inéligibilité.
Maine voters should decide who wins the election – not a Secretary of State chosen by the Legislature.
— Sen. Susan Collins (@SenatorCollins) December 29, 2023
The Secretary of State’s decision would deny thousands of Mainers the opportunity to vote for the candidate of their choice, and it should be overturned.
Le 6 janvier 2021, des centaines de partisans de Donald Trump avaient violemment pris d’assaut le Capitole, sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d’y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden. L’ancien président et ses plus fervents partisans contestent toujours, sans preuve, les résultats de l’élection de 2020.