Historienne, professeure de droit à l’université de Californie et autrice d’ouvrages de référence sur l’histoire du mouvement anti-avortement aux Etats-Unis, Mary Ziegler déchiffre ce qui se joue sur ce front en 2024, entre la présidentielle à venir et les dernières offensives en date de la droite religieuse.
La question du droit à l’IVG s’est révélée très mobilisatrice pour les démocrates à toutes les élections aux Etats-Unis depuis 2022. Quelle place occupera-t-elle cette année ?
L’enjeu est considérable, mais ni les campagnes ni les médias ne le reflètent justement lorsqu’ils interrogent les candidats sur leurs intentions. Il est hautement improbable que Biden, lors de ce mandat comme du prochain, sanctuarise la protection du droit à l’avortement dans la loi fédérale, tout comme il est peu vraisemblable de voir Trump faire passer une interdiction nationale au-delà de tant ou tant de semaines de grossesses s’il est réélu : le fonctionnement et le rapport de force actuels au Congrès interdisent toute action dans un sens ou dans l’autre. On ne parle pas en revanche de ce qui se joue réellement dans cette élection autour de l’IVG. Biden veut faire campagne sur cette question, mais il n’y a en réalité pas grand-chose qu’il puisse faire de plus qu’aujourd’hui, sinon être un rempart contre son adversaire ou ce que pourrait entreprendre la Cour suprême. Trump, lui, souhaite en parler le moins possible, car il ne veut surtout pas en faire un enjeu de l’élection, alors que son