Un avertissement sur les risques de cancer sur l’étiquette, comme sur les paquets de cigarettes. C’est la recommandation faite ce vendredi 3 janvier par l’administrateur de la santé publique du gouvernement de Joe Biden pour les boissons alcoolisées. Un serrage de vis qui marquerait un tournant dans la réglementation américaine.
L’administrateur, Vivek Murthy, a motivé sa demande chiffres à l’appui : la consommation d’alcool augmente le risque d’au moins sept types de cancer, dont ceux du sein, du côlon et du foie. Et de dénoncer le manque de connaissances sur les risques encours pour la plupart des consommateurs américains. Murthy appelle également à une réévaluation des recommandations concernant les quantités d’alcool pour que chacun puisse décider, en pleine conscience, de boire et dans quelle mesure.
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Les recommandations sanitaires américaines actuelles préconisent, elles, deux verres ou moins par jour pour les hommes et un verre ou moins par jour pour les femmes. «La consommation d’alcool est la troisième cause évitable de cancer aux Etats-Unis, après le tabac et l’obésité», dénonce l’administrateur, ajoutant que le type d’alcool consommé n’a pas d’importance. L’avis précise que l’alcool est responsable de 100 000 cas de cancer et de 20 000 décès par cancer chaque année aux Etats-Unis, plus que les 13 500 décès liés aux accidents de la route dus à l’alcool.
Une nouvelle administratrice de la santé dans deux semaines
Les fabricants et distributeurs d’alcool n’ont pour l’heure pas réagi. De toute façon, les suggestions de l’administrateur de la santé publique américaine ne seront pas forcément adoptées, relève Reuters. L’administration Biden entre en effet dans ses deux dernières semaines. Vivek Murthy va céder sa place à Janette Nesheiwat, directrice d’une chaîne de cliniques de soins d’urgence de New York nommé par le président-élu républicain.
Profil
Il n’est pas dit non plus que la future administration américaine ne suive pas ces recommandations. Donald Trump, dont le frère est mort des suites de son alcoolisme et qui ne boit pas lui-même, a en effet longtemps mis en garde contre les risques liés à la consommation d’alcool. Quant à son futur ministre de la Santé, Robert F. Kennedy Jr. – un choix qui par ailleurs alarme experts et médecins au vu de son passif conspirationniste –, il a largement raconté ses luttes passées avec l’héroïne et l’alcool, et déjà affirmé qu’il assistait à des réunions des Alcooliques anonymes. De toute façon, c’est au Congrès que se décidera la mise à jour ou non des étiquettes apposées sur les bouteilles d’alcool.
Si ces dernières comportent déjà des avertissements sur leur emballage outre-Atlantique – la consommation d’alcool pendant la grossesse peut entraîner des malformations congénitales, l’alcool peut entraîner une altération du jugement –, ils apparaissent en tout petits caractères au dos de l’emballage. Un emballage qui n’a pas changé depuis sa création, en 1988.