Menu
Libération
Justice

Etats-Unis : emprisonné cent jours, l’étudiant propalestinien Mahmoud Khalil réclame 20 millions de dollars à l’administration Trump

Détenu de mars à juin outre-Atlantique, le jeune homme accusé d’être un «soutien du Hamas» poursuit à présent le gouvernement américain pour une détention qu’il juge «politique».
Mahmoud Khalil, à New York, le 2 juillet 2025. (Angelina Katsanis/REUTERS)
publié le 11 juillet 2025 à 10h12

Le militant propalestinien Mahmoud Khalil a porté plainte jeudi 10 juillet au soir contre l’administration Trump pour réclamer réparation après 104 jours d’une détention qu’il estime «politique». L’étudiant demande 20 millions de dollars ou des excuses publiques du gouvernement américain, a-t-il annoncé dans un communiqué du Centre pour les droits constitutionnels (CCR), qui le représente en justice.

Le leader du mouvement de contestation de l’université Columbia, à New York, assure qu’il l’utilisera cette somme «pour aider d’autres personnes visées de la même manière». «J’espère que cela aura un effet dissuasif sur l’administration», a ajouté Mahmoud Khalil à Reuters jeudi. «Trump a clairement montré qu’il ne comprend que le langage de l’argent».

Mais l’étudiant dit aussi qu’il «accepterait, en lieu et place du paiement, des excuses officielles et l’abandon de la politique inconstitutionnelle de l’administration», a ajouté le CCR.

Mahmoud Khalil, diplômé de Columbia en 2024, estime que les «mauvais traitements subis» lui ont causé «une grave détresse émotionnelle, des difficultés économiques, des dommages à sa réputation et une atteinte significative à ses droits».

Une violation de sa liberté d’expression selon un juge

Ce trentenaire né en Syrie de parents palestiniens, titulaire d’une carte de résident permanent aux Etats-Unis, avait été arrêté le 8 mars au pied de sa résidence universitaire par des agents en civil de la police fédérale des frontières (ICE). Mahmoud Khalil avait été transféré dans un centre de détention pour migrants en Louisiane, à des milliers de kilomètres, d’où il n’a pu assister à la naissance de son fils.

Il a ensuite été libéré le 20 juin après qu’un juge a statué que l’administration Trump violait le droit constitutionnel de l’étudiant à la liberté d’expression. Le magistrat avait également ordonné que Mahmoud Khalil soit libéré sous caution en attendant que la procédure d’expulsion, intentée par le gouvernement américain, se termine. Ses avocats ont toujours dénoncé une arrestation «politique» et injustifiée, qui aurait pour but de museler toute contestation de la guerre menée par Israël à Gaza.

L’administration Trump l’accuse au contraire d’être un «soutien du Hamas» et justifie la procédure d’expulsion par le risque qu’il ferait courir à la «politique étrangère» américaine. L’étudiant a été libéré par la justice le 21 juin, mais sa procédure d’expulsion est toujours en cours. «Rien ne peut remplacer les 104 jours qui m’ont été volés. Le traumatisme, la séparation d’avec ma femme, la naissance de mon premier enfant que j’ai été obligé de manquer», déclare-t-il dans le communiqué.

En réponse, le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) a qualifié ces accusations d’«absurdes». «L’administration Trump a parfaitement agi dans le cadre de son autorité statutaire et constitutionnelle pour détenir Khalil, comme elle le fait avec tout étranger qui prône la violence, glorifie et soutient les terroristes, harcèle les juifs et endommage des biens», a aussi répondu une porte-parole du DHS, Tricia McLaughlin. La justice devra donc trancher, une fois de plus, sur la légalité des manœuvres de Trump.