Presque 30 ans qu’il attendait dans le couloir de la mort. Hank Skinner, condamné à la peine capitale au Texas en 1995, est mort de «causes naturelles», selon les déclarations de Robert Hurst, porte-parole pénitentiaire de cet Etat, cité par l’agence Associated Press. Celui qui n’a cessé de clamer son innocence durant un quart de siècle est décédé jeudi après-midi, à l’âge de 60 ans, dans un hôpital de Galveston. Son exécution était prévue pour le 13 septembre.
Les avocats de Hank Skinner ont déclaré dans un communiqué qu’il était mort à la suite de «complications liées à une intervention chirurgicale effectuée en décembre pour enlever une tumeur au cerveau». Ils saluent la mémoire d’un homme qui «insistait, dans chaque contexte, pour que les personnes au pouvoir honorent ses droits et respectent sa dignité».
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Espoir des tests ADN
Hank Skinner avait été reconnu coupable du triple meurtre le soir du Nouvel An 1993 de sa compagne, battue à mort, et des deux fils de celles-ci, poignardés. Jusqu’au bout, il aura maintenu la même version : celle de son innocence. S’il n’a jamais nié avoir été dans la maison ce soir-là, il assurait qu’il était inconscient après avoir absorbé de l’alcool et de la codéine.
«Monsieur Skinner contestait encore sa condamnation au moment de sa mort, et nous sommes profondément désolés qu’il soit décédé avant que la procédure ne soit terminée», ont rappelé ses avocats. Il faut dire que l’étude de son dossier avait révélé un grand nombre de fautes, entre analyses négligées, scellés disparus et témoins non entendus. Une voisine, qui avait dénoncé Hank Skinner, avait même retiré son accusation deux ans plus tard, affirmant avoir cédé aux pressions du procureur.
Tout du long, la défense de Hank Skinner aura tenté de prouver que le jury qui l’a condamné à mort en 1995 aurait pris une autre décision s’il avait bénéficié de tests ADN aujourd’hui disponibles (et dont les résultats étaient en faveur de Hank Skinner, estimaient ses avocats). Mais en octobre dernier, la Cour d’appel pénale du Texas avait statué qu’il aurait probablement été condamné même si ces preuves avaient été présentées à son procès, selon Associated Press.
Reports de son exécution
Depuis sa condamnation, Hank Skinner s’était vu fixer plusieurs dates d’exécution par la justice. En mars 2010, il a échappé de justesse à une exécution, environ 30 minutes avant l’injection létale prévue, grâce à un sursis accordé par la Cour suprême des États-Unis (justement pour qu’il puisse effectuer des tests ADN).
Son histoire a largement inspiré les médias et le monde du cinéma. Hank Skinner est notamment le personnage principal d’un épisode de l’émission «Death Row Stories» sur CNN. Le réalisateur Jordan Feldman a également raconté son combat dans le documentaire «Un moment dans la vie de Hank Skinner».
Portrait
En octobre 2021, Libération avait rencontré la Française Sandrine Ageorges-Skinner, mariée à Hank Skinner depuis 2008, avec qui il avait commencé à correspondre dès 1996. Cette figure de l’abolitionnisme s’est battue sans relâche pour obtenir sa libération. En vain.