Ses jours sont comptés et il le sait. Dans deux semaines, Joe Biden sera contraint de lâcher le pouvoir aux mains de Donald Trump, un homme qui est, s’il faut encore le rappeler, raciste, climatosceptique, homophobe, complotiste et sexiste. Alors avant son départ de la Maison Blanche, le démocrate s’active. Il décore à tout va (George Soros, Hillary Clinton, Lionel Messi ou encore Magic Johnson), décaisse les dernières aides à l’Ukraine – ainsi qu’une nouvelle vente d’armes à Israël – , gracie son fils ou encore bloque le rachat d’un des plus grands producteurs américains d’acier.

Ce lundi 6 janvier, le futur ex-président a fait un dernier grand geste pour l’environnement : celui d’interdire toute nouvelle exploitation pétrolière et gazière en mer sur plus de 2,5 millions de kilomètres carrés autour du territoire côtier américain. «Le moment est venu de protéger ces côtes pour nos enfants et petits-enfants», a justifié le président sortant dans un communiqué, en ajoutant : «Il est clair pour moi que le potentiel relativement mineur en termes d’énergies fossiles des zones (concernées, au large des côtes est et ouest, en Alaska et dans le golfe du Mexique) ne justifie pas les risques pour l’environnement, pour la santé publique et pour l’économie que poseraient de nouvelles concessions et de nouveaux forages.»

«Nous n’avons pas à choisir entre protéger l’environnement et faire croître notre économie ; ou entre préserver nos océans, nos côtes et la nourriture qu’elles produisent, et maintenir des prix bas de l’énergie. Ce sont de fausses alternatives», a dénoncé le chef de l’Etat sortant.

L’interdiction, qui n’a pas de date limite, s’appliquera le long de la côte Atlantique des Etats-Unis comme de la côte Pacifique, dans l’est du golfe du Mexique et au large de l’Alaska, dans le détroit de Bering. Joe Biden laisse malgré tout la possibilité de louer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz naturel dans les régions centrales et occidentales du golfe du Mexique, ce qui représente autour de 14 % de la production américaine.

Ces interdictions visent à lutter contre le réchauffement climatique, Biden s’étant engagé à décarboner l’économie américaine d’ici à 2050. Le texte devrait passer par l’Outer Continental Shelf Lands Act, une partie de la loi qui lui permettrait d’interdire donc largement les forages et surtout qui empêcherait ses successeurs, Donald Trump ou les suivants, de révoquer l’interdiction. Ce qui n’a pas empêché le président élu d’annoncer dans la foulée ce lundi qu’il annulera «immédiatement» cette décision. Dans une interview avec l’animateur de radio Hugh Hewitt, Donald Trump a ajouté à propos du président démocrate : «Qu’est-ce qu’il fait ? Pourquoi il fait ça ?»

Ce processus avait déjà été utilisé par Barack Obama pour le même motif. Donald Trump avait tenté en 2017 de faire annuler ces interdictions dans l’Arctique et l’océan Atlantique, mais un juge fédéral avait statué en 2019 que la loi ne donnait pas au président l’autorité l’égale pour les annuler. Pour ce faire, c’est au Congrès que devra s’en remettre le futur président. A majorités républicaines, les deux chambres ne sont pourtant pas acquises à Donald Trump, comme l’a démontré la difficile réélection du speaker de la Chambre des représentants Mike Johnson, ce vendredi.

Mise à jour : ce lundi 6 janvier à 11 h 59, avec l’ajout de l’annonce effective de l’interdiction par Joe Biden puis à 15 h 05 avec la réaction de Donald Trump.