Il aura fallu moins de 24 heures pour que la décision de Donald Trump d’envoyer la Garde nationale américaine à Chicago et dans sa région, en soutien à la police de l’immigration, soit contrecarrée. «Je n’ai trouvé aucune preuve crédible qu’il existait un danger de rébellion dans l’Etat d’Illinois», a déclaré jeudi 9 octobre la juge April Perry, citée par les médias américains, saisie par le gouverneur démocrate JB Pritzker et la mairie de la ville. Le déploiement des centaines de militaires a ainsi été suspendu pour deux semaines.
Le président américain avait signé la semaine dernière un décret pour envoyer ces gardes nationaux à Chicago afin de «protéger les agents et biens fédéraux», alors que plusieurs manifestations ont eu lieu devant des bâtiments de la police de l’immigration (ICE). Certains de ces locaux «ont été la cible de violences réelles et de menaces de violence», nécessitant «l’aide» du ministère de la Défense, a fait valoir l’administration Trump devant la justice. Le tout dans un contexte déjà hautement inflammable, puisque Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, occasionnant des rafles contre les migrants sans papier.
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Mercredi soir, l’armée américaine annonçait qu’environ 200 gardes nationaux du Texas et 300 membres de ce corps de réservistes de l’Illinois avaient commencé leurs opérations dans la zone de Chicago.
La magistrate a décidé d’interrompre ce déploiement après avoir longuement entendu les arguments de l’administration Trump et des autorités locales. Elle a qualifié les allégations du ministère de la Sécurité intérieure de «non fiables» et souligné que les militaires de la Garde nationale sont peu formés au maintien de l’ordre. Leur déploiement à Chicago «ne ferait que jeter de l’huile sur le feu que la défense [le gouvernement, ndlr] a elle-même allumé».
Victoire face au coup de force trumpien
Donald Trump ciblait Chicago depuis des semaines en affirmant vouloir y déployer la Garde nationale comme il l’a fait à Los Angeles, Washington et Memphis, à chaque fois contre l’avis des autorités locales démocrates. Cette suspension est donc une victoire pour l’Etat et la ville, qui s’étaient insurgés contre une tentative de «créer une occupation militaire de l’Illinois par l’Etat fédéral». «Donald Trump n’est pas un roi et son administration n’est pas au-dessus de la loi», a savouré le gouverneur de l’Etat sur X. «La Garde nationale n’a rien à faire dans les rues d’une ville américaine comme Chicago.»
Tribune
Jeudi, une autre juge fédérale avait limité pour deux semaines les conditions d’usage de la force par les agents dépendant du ministère de la Sécurité intérieure, notamment le recours au matériel antiémeute, lors des manifestations dans la région de Chicago. Elle avait notamment souligné que «les membres de la presse, les manifestants ou les fidèles religieux ne représentent pas une menace immédiate pour la sécurité des agents de maintien de l’ordre ou pour autrui».
Une très probable référence à un incident relayé par une vidéo montrant des agents fédéraux, postés sur le toit d’un centre de la police de l’immigration en banlieue de Chicago, tirer sur un pasteur parmi un petit groupe de manifestants au pied du bâtiment. La scène s’est produite il y a près d’un mois : les manifestants auraient d’empêcher un véhicule des forces de l’ordre de sortir, s’est gauchement justifié le ministère de la Sécurité intérieure.
Plus à l’ouest dans le pays, un déploiement de forces de l’ordre similaire à Portland − autre ville dirigée par les démocrates − a été provisoirement bloqué par la justice le week-end dernier. Mais une cour d’appel fédérale jeudi a paru encline à lever cette interdiction.