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Primaires

Etats-Unis : l’ancien vice-président républicain Mike Pence jette l’éponge pour la présidentielle 2024

Distancé dans les sondages, l’ex-vice-président de Donald Trump est devenu le premier candidat majeur à mettre un terme à sa campagne dans la course à l’investiture du parti républicain, dont son ancien patron est le large favori.
Mike Pence à Washington, le 31 mars 2023. (Kevin Lamarque/REUTERS)
par Julien Gester, correspondant à New York
publié le 28 octobre 2023 à 20h50
(mis à jour le 29 octobre 2023 à 4h24)

«C’est devenu clair pour moi : mon heure n’est pas venue» : ancien colistier, et caution auprès de l’électorat évangélique, puis suppléant de Donald Trump de 2016 à 2020, Mike Pence ne sera pas président des Etats-Unis. «Après prières et mûres réflexion», l’ex-gouverneur de l’Indiana a annoncé samedi son retrait de la course à l’investiture républicaine à l’élection de l’an prochain. Une campagne des primaires où il n’aura jamais su s’attirer les intentions de vote au delà d’une microfraction (3 à 4%) de l’électorat conservateur, incapable de se détacher de la masse des poursuivants d’un Donald Trump archifavori et chouchou des sondages – lesquels lui prêtent plus de 50% d’avance sur ses rivaux les mieux placés, Ron DeSantis et Nikki Haley.

Cette fois en position de challenger de son ex-patron après en avoir été l’ombre servile quatre années durant à la Maison Blanche, jusqu’à la rupture à la veille d’un 6 janvier 2021 où les émeutiers trumpistes appelèrent à pendre Pence tandis qu’ils envahissaient le Capitole, ce dernier entendait surtout se présenter à la base républicaine en dépositaire du bilan politique des années Trump. Mais, et c’était là son principal argument, sans la traîne de casseroles judiciaires dont est lestée la tentative de come-back trumpienne, ni le soupçon d’avoir tenté de mettre un terme à l’expérience démocratique américaine. Or, plutôt que de retirer un prestige quelconque d’avoir tenu bon face aux pressions l’incitant à décertifier la victoire de Joe Biden, Pence passe depuis lors pour un couard ou un traître auprès d’une large part de la base trumpiste, ce qui suscita ces derniers mois quelques confrontations houleuses sur la route de sa campagne.

Une campagne lourdement endettée

Alors qu’il espérait faire aussi valoir son expérience rare des abords du Bureau Ovale et des relations internationales, il passe pour une incarnation de l’ancienne garde conservatrice – ce qu’il est – aux réflexes dépassés de vieux faucon reaganien, quand l’essentiel de la relève en vue (DeSantis, Vivek Ramaswamy) entend décliner avec zèle et outrance l’isolationnisme «America First» qui prospère ces dernières années dans le sillage de Trump.

En panne à la fois d’enthousiasme et de finances pour entretenir sa campagne, déjà lourdement endetté, Mike Pence aura préféré s’en effacer plutôt que d’encaisser l’humiliation de ne pas remplir les critères de qualification au prochain débat des candidats républicains à la présidentielle, prévu le 8 novembre à Miami, à un peu plus de deux mois du coup d’envoi des primaires, dans l’Iowa.

Annoncer cela samedi à Las Vegas, lors d’une conférence de donateurs de la Coalition juive républicaine, tout en réitérant à la tribune la nécessité d’un soutien sans réserve à l’offensive militaire d’Israël contre le Hamas à Gaza, tenait en cela à la fois du champ du cygne et d’un avertissement terminal à ne pas «céder aux sirènes du populisme». Un vœu très pieux – ne serait-ce qu’au regard de l’accueil triomphal fait à Trump dans la foulée –, prononcé à l’heure des probables adieux de Pence à sa carrière politique. Mais sans doute pas à l’attention des médias et procureurs, puisque son témoignage est attendu comme peu d’autres dans plusieurs des procès Trump qui scanderont et ne manqueront pas de venir parasiter la campagne l’an prochain.