C’est un épisode inédit et risqué pour la campagne du président américain, Joe Biden. Le procès pour détention illégale d’arme de son fils, Hunter Biden, s’ouvre ce lundi 3 juin devant un tribunal fédéral. Hunter Biden, 54 ans, est accusé par des procureurs fédéraux d’avoir menti en remplissant des formulaires pour l’acquisition d’un revolver en 2018, dans lesquels il niait une addiction à la drogue qu’il a reconnue par la suite. Inculpé pour fraude fiscale dans un autre dossier, il se défend ici de trois chefs d’accusation pour lesquels il a plaidé non coupable en octobre.
Récit
Un jury de la ville de Wilmington, le fief des Biden dans l’Etat du Delaware, dans l’est des Etats-Unis, devra se prononcer sur deux chefs portant sur le remplissage possiblement frauduleux de documents nécessaires à l’achat d’une arme à feu, et un troisième sur la possession illégale de cette arme.
En pleine campagne présidentielle – l’élection a lieu le 5 novembre –, Hunter Biden, au passé semé d’addictions et d’anciennes affaires douteuses accumulées à l’étranger, est l’une des cibles privilégiées des adversaires républicains de son père, qui le considèrent comme le talon d’Achille de Joe Biden. A commencer par son prédécesseur, Donald Trump, lui-même pourtant reconnu coupable de falsifications comptables dans son procès pénal à New York il y a quelques jours, dans l’affaire dite «Stormy Daniels».
Errances nocturnes en quête de crack
Au cours des deux semaines d’audience prévues, le livre de Hunter Biden, les Belles Choses (2021), sera sans doute évoqué. Il y raconte la vodka bue au goulot, les errances nocturnes en quête de crack autour de supérettes miteuses, les tentatives ratées de désintoxication, les éphémères amours avec la veuve de son frère Beau, mort en 2015…
Avocat de formation puis lobbyiste, Hunter Biden affirme en avoir fini en 2019 avec quatre ans d’addictions à la drogue et à l’alcool – c’est-à-dire après l’achat controversé du revolver. Or, en 2018, sur un formulaire pour achat d’arme à feu, il s’est décrit comme non toxicomane. Cette contradiction est au cœur de l’argumentaire de l’accusation, qui estime qu’il s’agit là d’un mensonge puni par la loi américaine. La défense conteste, arguant que Hunter Biden ne s’estimait pas toxicomane au moment de remplir le formulaire.
S’il était reconnu coupable à l’issue de son procès, Hunter Biden pourrait être condamné à un maximum de 25 ans de prison – en pratique, peu de condamnés pour des délits similaires vont effectivement derrière les barreaux.
Une enquête en destitution contre Joe Biden
S’il ne s’est jamais exprimé en détail sur les ennuis judiciaires de son fils cadet, Joe Biden l’a toujours assuré de son amour paternel. Mais les démocrates n’ont aucun intérêt à ce que l’actualité de ce procès – et d’éventuelles remarques que le Président pourrait faire face aux médias à ce sujet – ne remplace les titres de presse sur la condamnation de Donald Trump à New York.
Au Congrès, les élus républicains ont ouvert une enquête en destitution contre Joe Biden, l’accusant d’avoir usé de son influence lorsqu’il était vice-président de Barack Obama (2009-2017) pour permettre à son fils Hunter Biden de faire des affaires en Chine et en Ukraine. Mais aucune preuve n’a été apportée à ce sujet et il n’y a eu aucune inculpation.
En décembre, Hunter Biden a par ailleurs été inculpé pour fraude fiscale. Il est accusé de s’être soustrait, par un «stratagème», à l’obligation de payer 1,4 million de dollars d’impôts. L’intéressé a plaidé non coupable. Le procès est attendu cette année en Californie.