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Démocratie 2.0

Etats-Unis : le vote par correspondance dans le viseur de Donald Trump

Le président américain a martelé ce lundi 18 août sa volonté de se «débarrasser du vote par correspondance». Un moyen selon lui de lutter contre la fraude électorale.

Donald Trump, le 11 août à Washington. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS/AFP)
Publié le 18/08/2025 à 17h58

La croisade de Donald Trump contre le vote par correspondance et les machines à voter se concrétise. Ce lundi 18 août, alors que Washington accueille les leaders européens et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président américain s’est fendu d’un message de politique nationale sur son réseau Truth Social.

Avec force majuscules, il annonce lancer un «mouvement» pour supprimer les bulletins de vote par correspondance, ainsi que, «tant que nous y sommes» les machines à voter. Le président américain les juge «hautement imprécises, très coûteuses et très controversées». «La supercherie du vote par correspondance, qui utilise des machines à voter qui sont une catastrophe totale, doit cesser, maintenant !!!», écrit le président sur Truth Social.

Son opposition au vote par correspondance ne date pas d’hier. Au cours de l’élection présidentielle de 2020 qui s’est achevée avec la victoire du démocrate Joe Biden, le milliardaire n’a cessé de crier que les dés étaient pipés, fustigeant le vote par correspondance, source de fraudes majeures selon lui.

Les élections de mi-mandat en ligne de mire

En matière de vote par correspondance, le président américain n’a jamais changé de cap. Y compris lorsque cette méthode de vote lui a été favorable. Lors de l’élection de 2024, le camp républicain a engrangé des gains significatifs grâce au vote par correspondance mais qu’importe : dans son message posté ce jour, Donald Trump assure que les démocrates sont «pratiquement inéligibles» sans le vote par correspondance. Il dit s’attendre à récolter les foudres du camp démocrate, car selon lui, ils «trichent à des niveaux jamais vus auparavant».

Autre souci pour le président américain, le prix des machines à voter. D’après lui, ces dispositifs «coûtent dix fois plus que le papier à filigrane, précis et sophistiqué, qui est plus rapide et qui ne laisse AUCUN doute à la fin de la soirée sur qui a GAGNÉ et qui a PERDU l’élection».

Pour mettre en application son souhait de supprimer le vote par correspondance, le magnat de l’immobilier a annoncé qu’il signerait un décret pour «aider à apporter de l’HONNÊTETÉ dans les élections de mi-mandat» qui se dérouleront en novembre 2026, et pour lesquels les républicains tentent déjà de recomposer la carte électorale en leur faveur. Il n’a pas donné plus de détails sur le contenu du futur texte.

Le soutien de Poutine

Autre information et pas des moindres, le souhait de Donald Trump de supprimer le vote par correspondance a trouvé un étonnant soutien, ce dont le président ne s’en cache pas. Vendredi 15 août, dans une interview donnée à Fox News après sa rencontre à Anchorage en Alaska avec Vladimir Poutine, Donald Trump a affirmé que le dirigeant russe lui avait dit être du même avis que lui.

«Vous savez, Vladimir Poutine m’a dit un truc, l’une des choses les plus intéressantes», avance le président américain sur Fox News, citant le boss du Kremlin pour justifier une telle mesure. Et d’ajouter : «Il m’a dit : “Votre élection a été truquée à cause du vote par correspondance, […] aucun pays n’a le vote par correspondance. C’est impossible d’avoir du vote par correspondance et des élections honnêtes.”»

Ce lundi, Donald Trump a repris les allégations russes à son compte. «Nous sommes désormais le seul pays au monde qui utilise le vote par correspondance. Tous les autres l’ont abandonné à cause des FRAUDES ELECTORALES MASSIVES RENCONTRÉES», a-t-il écrit. Une affirmation fausse, puisque de nombreux pays, notamment en Europe, utilisent le vote par correspondance pour tous types d’élections.

Un premier décret signé en mars pour restreindre le vote par correspondance

La machine pour supprimer le vote par correspondance a été enclenchée par le camp républicain dès le troisième mois du second mandat de Trump à la Maison Blanche. A la fin du mois de mars, Donald Trump a ainsi signé un premier décret visant à restreindre le vote par correspondance et imposer aux Etats américains des contrôles renforcés sur les listes électorales.

Aux Etats-Unis, l’organisation des élections est de la prérogative des Etats, tandis que le Congrès met en place un certain cadre. Une hérésie pour Donald Trump qui entend bien remettre en question ce fondement. Selon lui, l’autorité de l’Etat fédéral prime sur celle des Etats. «Ils doivent faire ce que l’Etat fédéral, représenté par le président des Etats-Unis, leur dit de faire, pour le bien de notre pays», a-t-il fait savoir ce lundi.

Pour plusieurs experts en politique américaine, le décret signé en mars représente un abus des prérogatives présidentielles. Pour Rick Hasen, professeur de droit électoral à l’université de Californie à Los Angeles, la mesure n’est rien d’autre qu’un «coup de force de l’exécutif». A l’époque, plusieurs associations de défense des droits avaient fait part de leur volonté de contester le décret en justice.