Un nouvel exemple allant à l’encontre de l’adage warholien selon lequel n’importe quelle publicité est une bonne publicité. L’entreprise Lego a récemment demandé au commissariat californien de la ville de Murrieta de cesser d’utiliser des images de ses célèbres figurines jaunes pour cacher l’identité de ses suspects. La marque danoise n’a semble-t-il pas apprécié de voir son image associée à celle de la criminalité.
«Le groupe Lego nous a contactés et nous a respectueusement demandé de nous abstenir d’utiliser sa propriété intellectuelle dans notre contenu sur les réseaux sociaux», a reconnu sur Fox News Jeremy Durrant, lieutenant au sein du service de police de Murrieta. Une décision «que nous comprenons, et que nous respecterons», a-t-il poursuivi.
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Avec leurs visages aussi reconnaissables qu’expressifs, les personnages Lego avaient tout l’air du bon plan pour respecter une nouvelle loi, tout en donnant un coup de jeune aux actions des forces de l’ordre de cette localité située entre Los Angeles et San Diego.
L’opération était bien partie pour réussir, avec près de 200 commentaires en réponse à une récente publication de la police de Murrieta sur Instagram – contre moins d’une vingtaine d’ordinaire, attirant ainsi l’attention des médias. Dans ce message, nommé «Why the covered faces» (Pourquoi ces visages cachés), le service de police explique pourquoi elle anonymise les visages de suspects : «Le premier janvier, une nouvelle loi qui restreint les conditions de partage de mugshots [les photos des suspects, NDLR] est entrée en vigueur.»
«Ça n’a rien de nouveau pour nous»
Cette législation interdit désormais la diffusion de photos, à visage découvert, de personnes suspectées d’avoir commis des faits non violents – sauf circonstances spécifiques. «Afin de tenir nos habitants informés de notre sécurité publique […] nous avons masqué les visages des suspects sur nos réseaux sociaux de différentes manières», poursuit le message, «nous le faisons depuis quelques années, et ça n’a rien de nouveau pour nous».
En effet, la pratique de ce genre de montage semble remonter à novembre 2021 sur la page Instagram de la police de Murrieta. A l’époque, ce sont les visages de jeunes élèves en train de discuter avec un policier qui sont cachés par des emojis. Il faut attendre avril 2022 pour voir cette pratique appliquée au visage d’un suspect.
Depuis, ces agents californiens s’en donnent à cœur joie sur leurs publications sur les réseaux sociaux, avec, entre autres, un homme menotté affublé d’un visage de Shrek. D’autres, des fameux visages de Lego.
Derrière les montages cocasses, on retrouve l’enjeu récurrent d’une police en quête d’une image plus cool auprès des jeunes – avec un succès relatif selon les méthodes. En octobre dernier, c’est par exemple la brigade de recherche et d’intervention qui se prêtait à l’exercice des réseaux sociaux.
En France, une vidéo partagée par la préfecture de police de Paris montrait des policiers lourdement armés défoncer une porte, sur fond de musique de rap (Coffre plein de Koba LaD, Maes et Zed). Un choix qui avait étonné, quand les paroles du titre ont plutôt des airs anti-forces de l’ordre. Dans le même genre, la police nationale a son propre compte officiel TikTok. Dernièrement, une de leur vidéo reprenant les codes du jeu vidéo – de guerre – Call of Duty sur un stand de tir compte a enregistré près de 9 millions de vues. Soit autant que certaines vidéos de Nicocapone (27 millions d’abonnés) ou Lea Elui (18 millions d’abonnés), pourtant parmi les comptes français les plus suivis sur ce réseau.