Ils ont été annoncés. Puis suspendus. Puis réannoncés. Puis resuspendus. Quatre mois après avoir été évoqués pour la première fois par Donald Trump, les droits de douane voulus par le président américain vont bel et bien s’appliquer à partir de ce vendredi 1er août. A la clé, une forte hausse des taxes pour la plupart des produits entrant aux Etats-Unis.
Un certain nombre de surtaxes doivent être appliquées à la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis, dont certaines, sectorielles, très lourdes, à l’image des 50 % prévues sur le cuivre. Et cette fois, après deux pauses, pas de nouveau report. «Tout sera fait vendredi, a assuré le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick. Le 1er août est le jour où nous mettons en place ces taux et ils ne seront plus sujets à discussion après.»
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Pour environ 80 pays, dont les 27 de l’Union européenne, les droits de douane appliqués à leurs produits devraient donc augmenter dès vendredi, pour se situer entre 11 % et 50 %, selon l’origine des produits. L’UE, le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, le Vietnam, l’Indonésie et les Philippines se sont entendus avec la Maison Blanche, avec à la clé des surtaxes moins élevées que celles annoncées initialement. Les produits européens devraient donc être taxés à hauteur de 15 %, contre 20 % prévus début avril par l’administration américaine, après avoir même été menacés un temps de 30 %.
Négociations de dernière minute
Avec toutefois seulement sept accords annoncés, le plus souvent un cadre de négociations à venir plutôt qu’un réel accord commercial, la Maison Blanche est très loin des «dizaines d’accords» qu’elle prétendait pouvoir signer. De nombreux gouvernements négocient cependant encore ce jeudi pour alléger la note. La Corée du Sud par exemple, alliée clé de Washington en matière de sécurité, a obtenu au dernier moment un accord sur un droit de douane de 15 % pour ses exportations vers les Etats-Unis, soit nettement moins que les 25 % que Trump avait précédemment menacé d’imposer.
L’administration Trump utilise les droits de douane comme moyen de pression économique mais aussi politique à l’encontre de plusieurs partenaires commerciaux, notamment le Canada, le Brésil et l’Inde. Donald Trump a ainsi critiqué l’intention du Canada de reconnaître la Palestine et averti qu’elle compliquerait les négociations avec Ottawa au sujet des droits de douane. Par ailleurs, au Brésil, les surtaxes doivent être de 50 % en représailles aux poursuites engagées contre son ex-président Jair Bolsonaro, accusé d’une tentative de coup d’Etat après sa défaite à l’élection présidentielle de 2022, une «chasse aux sorcières», selon son allié Donald Trump. Le locataire de la Maison Blanche a signé un décret en ce sens mercredi, effectif à compter du 6 août.
Il a aussi signé une «proclamation», amenant les droits de douane à 50 % sur le cuivre à compter de vendredi, mais sur une gamme de produits du cuivre moins large qu’un temps craint par les professionnels.
L’économie américaine ralentit
L’impact des droits de douane continue d’inquiéter les économistes, qui les voient peser non seulement sur l’inflation, qui pourrait remonter vers les 3 %, mais également sur la croissance américaine, attendue inférieure à 1 % au second semestre.
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De quoi inciter la Réserve fédérale (Fed) à la prudence, au grand dam de Donald Trump. Mercredi, la banque centrale américaine a maintenu ses taux inchangés et son patron, Jerome Powell, a semblé repousser encore la possibilité d’une future baisse.