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Libération
Droits des femmes

Aux Etats-Unis, les républicains s’attaquent une fois de plus à l’avortement

La Chambre américaine, contrôlée depuis peu par les républicains, a adopté ce mercredi deux projets de lois qui fragilisent encore plus le droit à l’avortement. Ces propositions «symboliques» ont pourtant peu de chance de passer au Sénat contrôlé par les démocrates.
Le 5 janvier, la Cour suprême de Caroline du Sud a annulé, pour la première fois, une loi interdisant l'avortement après six semaines, infligeant ainsi un revers majeur aux opposants à l'avortement dans cet état. (Ronda Churchill/AFP)
publié le 12 janvier 2023 à 14h30

L’offensive conservatrice de la Chambre des représentants, désormais à majorité républicaine, ne s’est pas fait attendre. Après avoir exposé leurs divisions au grand jour la semaine dernière lors d’un éprouvant vote pour l’élection de leur «speaker», rien de mieux qu’un texte torpillant le droit à l’avortement pour unir les républicains : deux projets de lois à la portée symbolique, qui font écho à la décision de la Cour suprême de révoquer l’arrêt Roe vs Wade le 24 juin dernier.

Le premier projet, soutenu mercredi par tous les républicains, condamne les attaques menées contre les «établissements, les associations et les églises anti-avortement». Le texte évoque spécifiquement les actes de violence ayant eu lieu à partir du 2 mai dernier, quand une fuite a révélé que la Cour suprême des Etats-Unis prévoyait de dynamiter prochainement le droit à l’avortement. Le texte accuse entre autres «l’administration Biden de ne pas avoir pris de mesures pour répondre à ces attaques radicales».

Le deuxième texte exige des médecins présents durant un avortement «de prodiguer les soins appropriés» pour essayer de «sauver» le fœtus avorté. Ce texte serait donc justifié par le fait que le fœtus né après une tentative d’avortement serait protégé juridiquement de la même manière que tous les autres nouveau-nés. Si les médecins refusent de se plier à cette proposition, ils risqueraient une peine allant jusqu’à cinq ans de prisons. 220 représentants ont voté pour ce projet de loi dont deux démocrates du Texas : Henry Cuellar et Vicente Gonzalez.

«Les médecins sont déjà tenus par la loi de fournir des soins médicaux appropriés»

Les démocrates ont largement voté contre ces deux projets de lois. Leur chef de file, Hakeem Jeffries, estime que la décision d’avorter ne «devait être prise qu’entre une femme, sa famille et ses médecins, un point c’est tout». Certains républicains ont également remis en cause l’utilité de ces deux textes. Nancy Mace, représentante de la Caroline du Sud s’est dit «frustrée» dans une interview donnée à MSNBC et a ajouté «Ce n’était pas un message gagnant pour nous lors des élections de mi-mandat. Nous devons faire preuve de compassion envers les femmes et envers le droit à la vie».

Il aura fallu peu de temps pour que plusieurs associations prennent à leur tour la parole pour dénoncer ces textes. L’organisation de planning familial Planned Parenthood a vivement critiqué la résolution qui «n’est rien d’autre qu’une stratégie de manipulation par la peur visant à stigmatiser l’avortement». Jacqueline Ayers, vice-présidente du planning Familial a insisté sur le fait que «les médecins sont déjà tenus par la loi de fournir des soins médicaux appropriés».

La portée de ces deux textes est toutefois limitée, car ils n’ont aucune chance de passer l’étape du Sénat, dont les démocrates gardent le contrôle. Cette stratégie mise en place pour plaire à l’électorat de base et l’offensive des républicains contre le droit à l’avortement pourraient aussi être à double tranchant. En effet, la majorité des Américains - y compris dans les Etats conservateurs - étant pour sa protection.