Le Boeing 737 MAX se retrouve encore une fois dans l’œil du cyclone. L’Agence fédérale américaine de l’aviation civile (FAA) a ordonné samedi 6 janvier l’inspection immédiate des 737 MAX 9 de l’avionneur américain, suspendus de vol d’ici là, après un incident survenu vendredi lors d’un trajet aérien près de Portland (Oregon) sur un appareil de la compagnie Alaska Airlines.
La directive de la FAA «impose aux compagnies aériennes d’inspecter l’appareil avant un nouveau vol», a déclaré l’agence dans un communiqué, estimant que cette opération nécessitait entre 4 et 8 heures pour chaque avion. Cela concerne 171 des 218 exemplaires du 737 MAX 9 livrés à ce jour par Boeing. Avant l’annonce de la FAA, la compagnie aérienne américaine Alaska avait déjà neutralisé la totalité de ses 65 avions de ce modèle.
Ce dimanche 7 janvier, c’est la compagnie turque Turkish Airlines (THY) qui a annoncé «rappeler pour vérification par mesure de précaution» les cinq Boeing 737 MAX 9 de sa flotte. Les cinq appareils seront «retirés de la flotte d’exploitation là où ils atterriront» et seront inspectés avant la reprise des vols, a-t-elle ajouté.
Dépressurisation et atterrissage d’urgence
Ces décisions font suite à l’envol spectaculaire d’un hublot qui a provoqué vendredi 5 janvier au soir l’atterrissage d’urgence de l’un des 737 MAX d’Alaska Airlines, avec 177 personnes à bord aux Etats-Unis.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré le hublot soufflé, avec des masques à oxygène pendant du plafond de l’appareil, qui a fait demi-tour après avoir décollé de l’aéroport de Portland (Oregon) pour revenir s’y poser.
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Un passager du vol, Kyle Rinker, a expliqué à la télévision américaine CNN que le hublot avait sauté juste après le décollage. «C’était vraiment brutal. A peine en altitude, la façade du hublot s’est juste détachée et je ne m’en suis aperçu que lorsque les masques à oxygène sont descendus», a-t-il raconté.
Une autre passagère, Vi Nguyen, a dit au quotidien américain The New York Times qu’elle avait été réveillée par un bruit fort durant le vol. «J’ai ouvert les yeux et la première chose que j’ai vue c’était le masque à oxygène juste devant moi», a-t-elle expliqué, «et j’ai regardé sur la gauche et le panneau latéral était parti». «La première chose qui m’est venue à l’esprit c’était ‘‘je vais mourir’’», a-t-elle ajouté.
«Maintenance et inspections de sécurité complètes»
«Après l’événement survenu ce soir sur le vol 1282, nous avons décidé par mesure de précaution de maintenir au sol temporairement notre flotte de 65 appareils Boeing 737-9», a annoncé le patron d’Alaska Airlines Ben Minicucci dans un communiqué. «Chaque appareil ne sera remis en service qu’après l’achèvement d’une maintenance et d’inspections de sécurité complètes», a-t-il ajouté, estimant que cela prendrait quelques jours.
Le Bureau national de la sécurité des transports, l’agence fédérale de l’aviation civile (FAA) et Alaska Airlines ont chacun assuré qu’ils enquêtaient sur l’incident. «Même si ce type d’incident est rare, notre personnel de bord était entraîné et préparé à gérer en toute sécurité cette situation», ajoute le communiqué de la compagnie aérienne. Le représentant d’Alaska Airlines a affirmé «travailler avec Boeing et les autorités de régulation pour comprendre ce qui s’était passé».
L’appareil avait été certifié en octobre, selon le registre de la FAA disponible en ligne. Le constructeur de l’appareil, l’avionneur américain Boeing, a écrit sur X qu’il rassemblait davantage d’informations et qu’une équipe technique se tenait à la disposition des enquêteurs.
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Boeing a connu ces dernières années des accidents graves et des difficultés techniques avec son 737 MAX. En décembre, le constructeur a informé les compagnies aériennes que les appareils MAX devaient être inspectés pour vérifier des pièces desserrées dans le système de contrôle du gouvernail, à la suite de la découverte par un opérateur international d’un boulon sans écrou lors d’une inspection de routine.
L’avionneur a ensuite repéré sur un avion non encore livré un écrou «qui n’était pas correctement serré».
Carnet de commandes
Le 737 MAX a été cloué au sol pendant de longs mois dans le monde entier après deux catastrophes aériennes impliquant cet appareil en octobre 2018 et mars 2019, qui ont fait 346 morts. La FAA n’avait autorisé la remise en service qu’après des changements dans le système de contrôle en vol. Plus récemment, Boeing a dû ralentir ses livraisons à cause de problèmes sur le fuselage, en particulier sur la cloison étanche arrière de l’appareil.
A fin décembre, Boeing a livré au total plus de 1 370 exemplaires du 737 MAX et son carnet de commandes en contient actuellement plus de 4 000.
Mise à jour : dimanche 7 janvier à 10h17, avec l’ajout de la consigne de la compagnie Turkish Airlines.