Quand Jair Bolsonaro se regarde dans la glace le matin, se voit-il comme un exilé politique, chassé de son pays natal par ceux qu’il considère comme des dangereux «communistes, voleurs, crapules» ? En Floride depuis l’avant-veille de l’investiture de Lula, l’ex-président brésilien a indiqué, par la voix de son avocat, avoir demandé un visa de six mois pour rester aux Etats-Unis. Une façon sans nul doute de fuir la justice brésilienne qui le regarde de très près, que ce soit pour sa gestion catastrophique de la pandémie, ses attaques constantes à la démocratie qui ont galvanisé ses fidèles allant jusqu’à attaquer le siège des institutions nationales à Brasilia le 8 janvier ou encore les soupçons de corruption le concernant.
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«Nous avons hâte d’apporter la plus grande satisfaction et les résultats désirés à notre client», a simplement indiqué le cabinet d’avocats chargé du dossier AG Immigration dans un communiqué, précisant que son visa actuel arrivait bientôt a expiration. Jair Bolsonaro serait entré aux Etats-Unis avec un visa délivré aux dirigeants en visite, qui doit expirer ce mardi étant donné qu’il n’est plus en mission officielle puisqu’il n’a plus de fonction. Il avait pourtant annoncé à l’antenne de CNN au Brésil qu’il comptait rentrer à la fin du mois de janvier et qu’il réfléchissait même à avancer son retour pour raison de santé. Victime d’une agression à l’arme blanche en 2018 lors d’un déplacement électoral, il subit depuis régulièrement interventions chirurgicales pour occlusion intestinale.
Washington reste silencieux
Interrogé sur la demande de visa du 38e président du Brésil, le département d’Etat américain a répondu que ce type d’information était confidentiel aux Etats-Unis. «A cet égard, nous ne pouvons pas discuter les détails des cas individuels de demande de visa», explique la diplomatie américaine. Le 8 janvier, des milliers de partisans de Jair Bolsonaro, mécontents de la victoire de Lula da Silva sur l’ex-président d’extrême droite lors de l’élection présidentielle d’octobre 2022, ont envahi et vandalisé le palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême à Brasilia. Quelques jours après, des élus démocrates avaient appelé à ce que Joe Biden révoque le visa de Jair Bolsonaro, refusant que les Etats-Unis servent de refuge à l’ancien dirigeant.
«Nous ne devons pas permettre à M. Bolsonaro ou à tout autre ancien responsable brésilien de trouver refuge aux Etats-Unis afin d’échapper à la justice pour tout éventuel crime commis durant son mandat», écrivent ces 41 élus, tous du parti démocrate, dans une lettre ouverte au président Biden. Anderson Torres, ex-ministre de la Justice bolsonariste, a lui été arrêté le 14 janvier au Brésil dans le cadre de l’enquête sur les saccages, alors qu’il rentrait en avion des Etats-Unis.