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Etats-Unis

Faille de sécurité : les démocrates mettent la pression sur l’administration Trump, le président contre-attaque

Au lendemain de la spectaculaire affaire de plans militaires divulgués par erreur à un journaliste, des proches du président américain ont été auditionnés devant le Sénat ce mardi 25 mars. La Maison Blanche cherche à minimiser la polémique.
Donald Trump à la Maison Blanche ce mardi 25 mars 2025. (Evelyn Hockstein/REUTERS)
publié le 25 mars 2025 à 21h50

La garde rapprochée de Donald Trump sur le gril. Les lieutenants du président américain ont été auditionnés ce mardi 25 mars par des sénateurs démocrates devant la commission du Sénat sur le renseignement, au lendemain des révélations fracassantes du journaliste de The Atlantic racontant avoir été invité par erreur dans une discussion sur des plans militaires avec de hauts responsables de l’administration Trump.

«Directrice Gabbard, vous êtes la responsable sécuritaire qui met en place les consignes d’accès aux informations classifiées. Avez-vous contacté le ministre de la Défense ou d’autres après le partage de ces plans militaires spécifiques pour dire : «Nous devrions le faire [dans un dispositif sécurisé]’’», a demandé le sénateur de Virginie Mark Warner à la directrice nationale du renseignement, Tulsi Gabbard. «Il n’y avait pas d’informations classifiées partagées», a-t-elle répondu, refusant cependant d’«entrer dans les détails» ou même de confirmer sa présence dans cette boucle de discussion.

Le démocrate a ensuite fustigé un manque de prudence des personnes présentes dans la boucle sur la messagerie Signal et affirmé que si un officier militaire ou du renseignement «avait ce genre de comportement, il serait limogé». Avant d’ajouter : «C’est un exemple de plus de l’attitude négligente, imprudente, incompétente, particulièrement en ce qui concerne les informations classifiées» de l’administration Trump.

Mark Warner s’est aussi inquiété de la possibilité que l’affaire ait un impact néfaste sur la coopération avec les pays alliés. «Ces relations ne sont pas inscrites dans le marbre, elles ne sont pas régies par une loi. Des (ententes) comme les Five Eyes sont fondées sur la confiance, construite pendant des décennies», a ajouté le sénateur. Les «Five Eyes» sont une alliance de partage de renseignements entre les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie, et la Nouvelle-Zélande. Pour Mark Warner, suite à cette faille de sécurité, «cette confiance se rompt à présent du jour au lendemain».

L’élu démocrate a aussi dénoncé les propos tenus dans cette boucle qui «traînent l’Europe dans la boue». Selon le journaliste Jeffrey Goldberg, un compte au nom de J.D. Vance, le vice-président américain, a argumenté contre les frappes sur les Houthis car elles bénéficieraient davantage à l’Europe qu’aux Etats-Unis.

Appel à la démission

Auditionné en même temps que Tulsi Gabbard, le patron de la CIA, John Ratcliffe, a quant à lui admis avoir participé à cette boucle de messages. Toutefois, il a défendu un usage «autorisé et légal» selon lui de cette application privée pour ces échanges entre le vice-président, JD Vance, le ministre de la Défense, Pete Hegseth et le chef de la diplomatie, Marco Rubio, parmi d’autres.

De son côté, le sénateur de l’Oregon Ron Wyden a appelé à la démission du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz, et du ministre de la Défense, Pete Hegseth. Le premier aurait été à l’origine de l’ajout accidentel du journaliste, tandis que le second aurait partagé en amont des plans de frappes sur les Houthis.

Un «seul pépin en deux mois», plaide Trump

Face au tollé provoqué par la publication de l’article de The Atlantic, le camp présidentiel a tenté de minimiser les faits. Lors d’une interview donnée par téléphone à la chaîne NBC, Donald Trump a estimé qu’il s’agissait du «seul pépin en deux mois, et au final sans gravité». Il a ajouté que Mike Waltz avait «appris une leçon» et qu’il «fait de son mieux». Le président Trump a également martelé que son conseiller à la sécurité nationale n’avait pas à s’excuser. Le milliardaire républicain a ensuite décidé de contre attaquer. Selon lui, le rédacteur en chef de The Atlantic n’est rien d’autre qu’un «tordu», assurant que «tout le monde se fiche» de ce que publie ce prestigieux magazine.

De son côté, le service de presse de la Maison Blanche a publié un communiqué dénonçant «une tentative coordonnée de détourner l’attention du succès» des récentes frappes américaines contre les Houthis du Yémen. Pour Steven Cheung, directeur de la communication de la Maison Blanche, «les forces anti-Trump essaient d’instrumentaliser des actes inoffensifs et de les tourner en faux scandale […]. Ne laissez pas les ennemis de l’Amérique s’en tirer à bon compte avec ces mensonges», a-t-il écrit sur X.

Le fondateur de Signal, la messagerie en question, ne s’est quant à lui pas privé de vanter son produit et la confidentialité qu’il confère, d’ordinaire. «Il y a beaucoup de bonnes raisons d’être sur Signal, a blagué Moxie Marlinspike. L’une d’elles est désormais la possibilité pour le vice-président des Etats-Unis de vous inclure au hasard dans une discussion de groupe sur la coordination d’opérations militaires sensibles».