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Libération
Réaction

Femmes esclaves de diplomates : le ministère chilien des Affaires étrangères réagit aux révélations de «Libé»

Après la publication de l’enquête de «Libération» et les accusations d’une femme ex-domestique contre Felipe Morandé, ancien ambassadeur chilien auprès de l’OCDE qui l’employait, la chancellerie de son pays s’est dit «prête à collaborer si la justice française le demande».
Le ministre chilien des Affaires étrangères, Alberto van Klaveren, à Berlin le 11 avril. ( Janine Schmitz/dpa Picture-Alliance via AFP)
publié le 16 octobre 2024 à 18h47

Dans le quatrième volet de son enquête consacrée aux domestiques de diplomates résidant à Paris, Libération racontait l’histoire d’Alicia (1). Cette Péruvienne décrivait comment, entre son arrivée dans la capitale française à l’hiver 2018 et sa fuite en octobre 2021, elle avait travaillé au service de Felipe Morandé et de son épouse Carola Zuñiga Inostara. Le premier était alors ambassadeur du Chili auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), nommé par l’ex-président conservateur Sebastián Piñera.

Alicia, 56 ans aujourd’hui, décrivait le grand appartement haussmannien du cossu XVIe arrondissement, son enfermement dans celui-ci, la privation de son passeport, et les horaires de travail à rallonge : de 7 heures à 22 heures, et jusqu’à sept jours par semaine pendant plusieurs mois. Le 5 décembre 2023, après s’être enfuie, elle portait plainte contre Felipe Morandé. Celui-ci a démenti après la parution de notre article les faits qui lui étaient reprochés – par ailleurs couverts par l’immunité diplomatique.

L’enquête de Libération contre celui qui est aujourd’hui enseignant entre l’Espagne et le Chili, et candidat aux prochaines municipales dans une commune de la périphérie de Santiago, a fait réagir jusqu’à l’Amérique latine. Plusieurs médias ont en effet sollicité une réaction de la part du ministère des Affaires étrangères chilien. Contacté par Libération, celui-ci rappelle que Felipe Morandé n’est plus un de leurs fonctionnaires et a cessé d’exercer son poste d’ambassadeur auprès de l‘OCDE en mars 2022. De plus, le ministère se distancie de son ancien représentant : «La plaignante n’a pas été recrutée par la chancellerie. Il s’agissait d’une contractualisation privée par l’ex-ambassadeur Morandé.»

«Le ministère est strict dans l’exigence faite à ses fonctionnaires diplomatiques de respecter les lois locales des pays où ils sont mandatés, spécialement quand il s’agit de droit du travail», écrit la chancellerie. Surtout, celle-ci «condamne toute violation éventuelle du droit», et se dit «prête à collaborer si la justice française le demande».

(1) Le prénom a été modifié.