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Libération
Féminicide

Florencia Guiñazú, footballeuse argentine, tuée par son ex-conjoint

La joueuse du club Atlético Argentino de Mendoza, a été étranglée à son domicile par son ancien compagnon, alors que son fils de 7 ans était dans sa chambre. Le meurtrier s’est donné la mort.
Florencia Guiñazú. (DR)
publié le 9 avril 2024 à 16h11

Il n’est pas commun de voir le monde du football argentin reprendre les slogans féministes. Ils étaient pourtant unanimes, ce lundi, après l’annonce de la mort de Florencia Guiñazú, 30 ans, tuée par son conjoint qui l’a étranglée ce week-end. «Ni una menos» («Pas une de moins»), «Arrêtez de nous tuer», écrit sur Instagram le Club Atlético Argentino de Mendoza en reprenant à son compte le mantra des féministes argentines, dont la force militante a essaimé sur l’ensemble du sous-continent depuis 2015. On y voit la joueuse professionnelle, toute en tenue et tout sourire.

Le drame, tristement commun en Argentine, s’est déroulé samedi à l’aube, à Guaymallén, dans la province de Mendoza, à l’ouest de l’Argentine. C’est là que vit la footballeuse, également mannequin et tatoueuse, séparée de son conjoint depuis plusieurs mois. Ce ne sont pas les bruits de dispute, vers 5 heures du matin, qui mettent la puce à l’oreille des voisins. Mais un message, découvert bien plus tard, écrit sur l’une des fenêtres du domicile : «Appelez les secours, les enfants sont seuls.»

Vers 16 heures, l’un d’eux se décide à frapper à la porte. C’est le fils de sept ans qui ouvre, l’autre fille de Florencia Guiñazú est alors chez ses grands-parents. Lorsqu’on lui demande où sont ses parents, il dit ne pas savoir, que la porte de la chambre principale est fermée de l’intérieur et que personne ne répond, qu’il a passé une bonne partie de la journée sur sa console de jeux. Le voisin appelle la police qui se décide à forcer la porte de la chambre pour découvrir la scène du crime : Florencia Guiñazú est étendue au sol dans une mare de sang, visiblement rouée de coups. Des ecchymoses au cou témoignant de la strangulation. La police judiciaire confirmera la mort par asphyxie dans la foulée. Son conjoint est dans le placard, il s’est pendu avec un câble. C’est lui qui a écrit le message à la fenêtre avant de se suicider.

Symbole d’un mal qui ronge l’Argentine

Florencia Guiñazú vient rejoindre la longue liste des féminicides qui ensanglantent l’Argentine. Le dernier rapport de l’observatoire argentin des violences de genre Ahora que si nos ven en décompte 49 sur les seuls mois de janvier et février de cette année, soit une femme tuée toutes les 29 heures. C’est plus qu’en 2023 à la même période, année déjà record avec 308 féminicides contre 249 en 2022.

La trentenaire fait pourtant partie des rares femmes qui avaient osé dénoncer des violences de genre à la police. C’était le 25 novembre dernier, elle avait réclamé une mesure d’éloignement contre son conjoint qui refusait de quitter le domicile familial. Selon un journal local, El Sol, une première altercation violente aurait eu lieu à l’époque : un voisin l’avait retrouvé dans la rue, en état de choc, après que le père de ses enfants l’avait frappée et enfermée dans la salle de bains. Les autorités n’avaient pas alors engagé de poursuites contre le père de ses enfants, fautes de preuves. «C’était un couple avec une relation très ouverte. Mais les disputes ont été constantes ces derniers temps», disait alors une source proche du dossier au journal argentin.

Au-delà de son club et de la fédération argentine de football, la mort de Florencia Guiñazú a eu d’autant plus de retentissement que la jeune femme était très suivie sur les réseaux sociaux. Les organisations féministes, également très relayées en Argentine, y ont immédiatement vu un symbole du mal qui ronge le pays à l’heure où leur combat se trouve de plus en plus critiqué, notamment par l’actuel président argentin d’extrême droite, Javier Milei.